Cet accord, qui donne la majorité de fait au constructeur naval italien mais sous conditions, est « une éclaircie » après des semaines de crispation entre la France et l’Italie, a estimé François Janvier, délégué CFE-CGC de STX France.
« On s’interroge cependant sur la nature même de l’accord: est-ce un accord de sortie de crise diplomatique avant d’être un accord de gouvernance d’une entreprise industrielle? (…) La première chose que l’on demande, c’est la transparence d’accès au pacte d’actionnaires », a déclaré M. Janvier à l’AFP.
« On demandera encore et une fois de plus à avoir accès au contenu de ce nouveau pacte d’actionnaires », a renchéri Christophe Morel, de la CFDT, « plutôt rassuré » par l’accord annoncé mercredi soir par le président Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni.
Dans les faits, Fincantieri obtient 50% de STX France auxquels il faut ajouter 1% « prêté » par l’Etat français, qui se réserve le droit de le reprendre si l’Italien ne respecte pas ses engagements pendant une période de douze ans.
Ce compromis « permet à tout le monde d’avoir la tête haute » et de « sortir de l’impasse dans laquelle on était fin juillet », avec la nationalisation temporaire de STX France faute d’accord sur une reprise par Fincantieri, a poursuivi M. Morel.
« Que ce soit 50-50 ou 51-49, ce qui est le plus important pour nous c’est d’avoir accès au pacte d’actionnaires. (…) Ce qu’il nous faut, c’est une vision sur ce pacte d’actionnaires, ce qu’on n’a pas aujourd’hui », a également souligné Sébastien Benoît, secrétaire général de la CGT-Navale de Saint-Nazaire.
« Depuis le début, nous n’avons accès à aucune information », a-t-il déploré. Pour la CGT-Navale, premier syndicat chez STX France, la solution trouvée « n’est certainement pas en faveur des salariés », car Fincantieri comme l’Etat français « n’ont répondu à aucun moment sur les revendications d’un plan massif d’embauches et une revalorisation des conditions sociales qui manquent cruellement sur le site ».
Le président (LR) de la région des Pays de la Loire, Bruno Retailleau a regretté de son côté « une solution censée satisfaire tout le monde mais qui en réalité ne règle rien ». « Quelle visibilité pour les clients qui ne sauront pas exactement qui, des Italiens ou des Français, pilotera le navire STX », s’est-il interrogé dans un communiqué, demandant aussi à l’Etat « de dissiper les craintes légitimes sur l’avenir de STX » en transmettant « l’ensemble des clauses de l’accord passé avec Fincantieri ».
STX France emploie 2.600 salariés et fait travailler environ 5.000 personnes, via des sous-traitants.