La consommation de ce type de poissons s’est « fortement développée ces dernières années avec l’épuisement des stocks de poissons conventionnels », explique à l’AFP Florian Kirchner, chargé du programme espèces au comité français de l’UICN. Or, requins et raies sont fortement sensibles à la surpêche en raison d’une croissance lente et d’une faible fécondité.
L’UICN et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) ont analysé les observations et les données de pêche existantes pour évaluer, pour la première fois, le risque de disparition dans les eaux françaises de 83 espèces de poissons dits « cartilagineux », famille regroupant les requins, les raies et les chimères.
L’état des lieux est « préoccupant » pour onze espèces (5 raies et 6 requins, les données étant globalement insuffisantes pour les chimères).
Du côté des requins, la situation est particulièrement alarmante pour « l’Ange de mer commun », un requin au corps aplati pouvant mesurer plus de 2 mètres, classé en « danger critique » d’extinction. « Fortement pêché pour sa chair très appréciée, il a aujourd’hui disparu de la Mer du Nord et de la Manche et il est désormais rare sur les côtes atlantiques et méditerranéennes », observe l’UICN. Bien que sa pêche soit aujourd’hui interdite en Europe, il reste menacé car « régulièrement pêché de manière accidentelle ».
Le Squale-chagrin de l’Atlantique a « vu sa population s’effondrer en seulement 12 ans d’exploitation, jusqu’à ce que sa pêche s’arrête finalement d’elle-même, par manque de rentabilité », selon l’UICN. Ce squale, qui était pêché pour sa chair mais aussi son huile de foie, utilisée dans des cosmétiques et des gélules de vitamines, est classé « en danger ».
La Raie blanche est elle aussi « en danger critique ».
Au niveau européen, la France figure au rang des « grands pays pêcheurs de requins et de raies », avec l’Espagne et le Portugal, rappellent les deux organismes.
La situation globale des requins et des raies reste toutefois encore méconnue, d’autres espèces potentiellement menacées n’ayant pu être inscrites comme telles, faute de données.