Le mouvement sera en partie prolongé vendredi à l’appel de la Fédération CGT des Mines et de l’Energie, en grève reconductible depuis le 19 janvier et qui avait appelé à 48 heures de mobilisation.
Prévu pour durer aussi deux jours dans les raffineries, il a en revanche été suspendu jeudi soir sur les sites TotalEnergies, a indiqué à l’AFP Benjamin Tange, délégué central CGT.
L’objectif: se préserver, et préparer le terrain pour la grève nationale de mardi. A l’appel de tous les syndicats, elle touchera tous les secteurs: écoles, fonctionnaires, transports, services… L’un d’entre eux, l’UNSA, a recensé plus de 200 lieux de rassemblements, autant que pour la journée du 19.
« Les salariés qui sont dans le mouvement disent que ce serait mieux de repartir d’un bon pied mardi », avait expliqué plus tôt dans la journée Eric Sellini, responsable CGT TotalEnergies.
En parallèle, les agents de l’énergie ont mené nombre d’actions dites « Robin des Bois » selon la CGT, pour « intensifier le rapport de force » dans la lutte contre la réforme des retraites.
De Lille à Marseille et partout en France, ils ont « placé en gratuité d’électricité ou de gaz » écoles, HLM et hôpitaux, accordé des tarifs réduits aux petits commerces, et rétabli le courant pour des usagers qui en avaient été privés.
– Ports à l’arrêt –
« De manière coordonnée sur tout le territoire, c’est sans doute une première », a indiqué à l’AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la Fédération CGT des Mines et de l’Energie, prévenant que « ce n’est que le début » de ce type d’actions.
La Fédération nationale des ports et docks de la CGT a aussi fait état dans un communiqué d’une « forte mobilisation des travailleurs dans quasi tous les ports français, avec souvent 100% de grévistes et des ports totalement arrêtés ».
« La volonté de l’action d’aujourd’hui, c’est de montrer que le rapport de force monte d’un cran, et que si on le souhaite, on peut aller jusqu’à la paralysie du pays », a souligné Gwenaël Plagne, représentant syndical CGT à la centrale de Cordemais (Loire-Atlantique).
EDF disait avoir perdu jusqu’à 1.700 MW de puissance sur son parc hydraulique, soit l’équivalent de plus d’un réacteur nucléaire, avant un retour à la normale dans l’après-midi. L’entreprise n’a pas souhaité communiquer de chiffres sur l’ampleur de la mobilisation.
Le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension RTE a confirmé auprès de l’AFP que « des baisses ont eu lieu cet après-midi, mais sans jouer sur la sécurité d’approvisionnement en électricité ».
– Robin des bois –
La réforme d’Emmanuel Macron, à laquelle s’opposent tous les syndicats et qui arrivera lundi au Parlement, conduirait à la suppression des régimes spéciaux chez EDF ou Engie (ex-GDF Suez).
La maire (PS) de Paris Anne Hidalgo a annoncé jeudi qu’elle rejoignait l’appel lancé par le patron du PCF, Fabien Roussel, à fermer symboliquement les mairies le 31 janvier, par solidarité avec la mobilisation contre la réforme des retraites.
Dès mercredi, des coupures sur des parcs éoliens et solaires avaient été revendiquées par la CGT dans le secteur de Montluçon, ainsi que dans une zone industrielle à Montauban (Tarn-et-Garonne), jeudi matin. L’incident a été rapidement résolu, a indiqué Enedis, qui portera plainte.
Dans les raffineries, où avait déjà eu lieu en octobre une grande grève pour les salaires qui avait provoqué des pénuries d’essence dans tout le pays, les expéditions de carburants vers les dépôts étaient bloquées, avec le mot d’ordre habituel: « rien ne rentre, rien ne sort ».
C’était le cas notamment à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), passée de 60% à près de 100% de grévistes, ou à celle de Donges (Loire-Atlantique), avec « 50 à 70% » de grévistes. Ils étaient toujours cet après-midi près de 80% à la raffinerie de Normandie, et 30% sur le site de Grandpuits (Seine-et-Marne), qui est toutefois en reconversion et n’expédie plus de carburant.
« Une belle journée d’élargissement du mouvement et de lutte pour l’intérêt général avant le 31 », résume Fabrice Coudour.
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