Rotation du Costa Concordia: l’heure de vérité sur l’île du Giglio

Cette opération, inédite par son ampleur et qui devait démarrer lundi vers 06H00 (04H00 GMT), a été retardée d’environ deux heures, ont annoncé ses responsables sur la petit île toscane du Giglio.

« En raison des forts orages qui se sont abattus cette nuit, l’opération est retardée d’environ deux heures », a expliqué le chef de la protection civile et responsable du projet, Franco Gabrielli, lors d’une brève conférence de presse donnée alors que le jour commençait à se lever sur le port.

La petite île a en effet été frappée par de violents orages et de fortes pluies pendant plus de trois heures dans la nuit de dimanche à lundi, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Il n’y a pas de modification de l’opération. Les orages nous ont empêché de mettre en place dans la nuit la structure flottante, la barge, sur laquelle devait être installée la salle de contrôle. Ayant perdu du temps dans la nuit, il nous faut le rattraper à présent », a expliqué M. Gabrielli, ajoutant que ce type d’orage était « imprévisible ».

Vingt mois après le naufrage du paquebot de croisière, qui avait fait 30 morts et deux disparus le 13 janvier 2012, les autorités italiennes avaient donné leur feu vert dimanche, expliquant que le vent et « la hauteur des vagues » restaient « compatibles » avec « les valeurs maximales prévues pour la faisabilité de la rotation ».

« Nous allons prouver que tout ce que nous avons imaginé, pensé, calculé, se passera comme prévu », avait promis dimanche Franco Gabrielli, sous une grande tente blanche aménagée sur le port à l’intention des quelque 400 journalistes venus suivre l’événement.

Même optimisme du côté du groupe Costa, propriétaire du navire, et sa maison mère américaine Carnival, à qui revient le paiement de cette opération gigantesque (plus de 600 millions d’euros à ce jour).

« Toutes les vérifications en amont ont été faites et tout a été fait pour que l’opération réussisse », a dit Franco Porcellachia, chef de projet de Costa, tout en admettant qu’il est « difficile d’envisager toutes les hypothèses, étant donné qu’il n’y a jamais eu de précédent ».

Car c’est la première fois qu’un tel exploit va tenter d’être réalisé sur un bateau aussi grand – long de près de 290 mètres, haut comme un immeuble de dix étages – et positionné de cette façon – le flanc droit couché sur des rochers.

« Croisons les doigts! »

L’ex-palace flottant sera vidé de toute présence jusqu’à ce qu’il soit sécurisé, avant d’éventuelles visites des enquêteurs dépêchés par le parquet de Grosseto, toujours à la recherche des corps de deux disparus, une passagère italienne et un serveur indien.

En outre, tout trafic maritime sera interrompu aux abords de l’île. Le dernier ferry en direction du continent est parti vers 06H00 (04H00 GMT) et ne reviendra qu’à la fin de l’opération, prévue pour durer entre dix et douze heures.

La rotation sera gérée à distance dans une « salle de contrôle » par 12 personnes, chacune devant son ordinateur avec un rôle distinct à jouer. Chacune sera ainsi reliée, comme avec « un cordon ombilical », au navire, selon M. Porcellachia.

Même les « battements du coeur » de Nick Sloane, le spécialiste mondial en renflouements embauché par le consortium américano-italien Titan-Micoperi pour superviser les travaux, le « mythe vivant », vont être contrôlés, plaisantait M. Gabrielli.

Ce à quoi le Sud-Africain à la tête d’une équipe de 500 personnes de près de 30 nationalités travaillant 24h sur 24h a répondu calmement, se disant « prêt », « tous les risques ayant été identifiés ». Le chef de l’opération a aussi remercié la population de l’île qui a été « compréhensive » ces derniers 18 mois.

Car les habitants attendent avec impatience ce fameux jour -maintes fois reporté- où le paquebot qui gâche la vue depuis le petit port, telle une verrue métallique géante, reprendra une position plus « normale » avant d’être renfloué puis remorqué au loin.

Le premier d’entre eux, le maire Sergio Ortelli, affirmait ainsi à la presse que « l’attente était grande, puisque lundi (allait) se concrétiser une année de travail intense ».

« Nous sommes convaincus que les choses se passeront bien », a ajouté l’édile avant de conclure: « croisons les doigts! »

lrb/mle/ggy

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