« J’encadre les acteurs de la pêche en les aidant par exemple à monter des dossiers de crédit » bancaire, explique à l’AFP M. Gningue, 25 ans, rencontré à Kayar, une des principales zones de pêche du Sénégal à environ 60 km de Dakar.
« C’est difficile de trouver un emploi. Généralement, on est remercié au bout de deux mois de stage. Je suis volontaire pour ne pas me cantonner dans l’inactivité. C’est un tremplin pour un emploi stable », ajoute ce diplômé, titulaire d’une maîtrise d’économie.
Il est debout parmi une cinquantaine de collègues dans la cour du siège de l’administration des Pêches de Kayar, où le président sénégalais Macky Sall s’est rendu jeudi, pour parler au monde de la pêche.
Parmi les collègues de Gningue figure Khady Lèye, jeune femme de 26 ans, chargée sur l’île de Dionewar (centre) du respect de la réglementation de la pêche.
Volontaire pour « acquérir de l’expérience », elle estime que « c’est mieux que de ne rien faire ».
« Nous sommes venus nous faire entendre par le président (Macky Sall) pour une insertion dans la Fonction publique », indique Mamadou Mbacké Diop, diplômé d’une école de pêche et d’aquaculture.
Au Sénégal, pays de quelque 13 millions d’habitants, la jeunesse constitue « 60% de la population active », et 65% de cette jeunesse de 18 à 35 ans est frappée par un chômage des diplômés, explique le ministère chargé de la Jeunesse.
Le sujet du chômage des jeunes est au centre d’une rencontre de cinq jours, à Dakar, de jeunes leaders d’Afrique et de la diaspora africaine, coorganisée par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et l’ONUSIDA, et qui prend fin vendredi.
Cette rencontre doit déboucher sur des recommandations pour l’emploi des jeunes, à transmettre à l’Union africaine et à l’ONU.
Les jeunes Sénégalais Gningue et Lèye font partie des 150 premiers volontaires de la pêche recrutés en mai 2013 pour deux ans pour, selon les autorités sénégalaises, renforcer l’Administration et appliquer les mesures de gestion dans la pêche.
« Nous avons un déficit de personnel. Tous les deux ans, il peut y avoir un recrutement de volontaires », explique Ibrahima Lô, membre de l’équipe de formation.
La pêche, important pourvoyeur de recettes au Sénégal, a contribué en 2011 aux recettes d’exportations à hauteur de près de 12,5%. Elle occupe 17% de la population active, soit près de 600.000 personnes.
« La rémunération est faible »
Mais « depuis 2003, l’Etat s’est désengagé dans le recrutement automatique » des diplômés de la pêche, explique M. Lô.
« Rien n’est garanti mais on fait le nécessaire pour leur recrutement dans la Fonction publique. Tout dépend du mérite de chaque volontaire » dont le gain mensuel est de 80.000 FCFA (122 euros), précise t-il.
« Ce n’est pas un salaire mais un pécule », insistent en choeur plusieurs volontaires. « La rémunération est faible », fait remarquer Mamadou Diop.
En outre, il se pose, selon Abdou Lahat Ndiaye, des problèmes de paiement. « Nous sommes restés trois mois sans être payés d’août à septembre » 2013, affirme-t-il.
Pour le ministre chargé de la Jeunesse, Benoît Sambou, le président Macky Sall, élu en mars 2012 face à Abdoulaye Wade qui était au pouvoir depuis douze ans, a « inscrit parmi ses priorités la jeunesse dont l’emploi est le plus grand problème » au Sénégal.
Pour le résoudre, le gouvernement s’appuie, selon lui, sur des programmes d’emplois dans des secteurs à fort potentiel de main-d’oeuvre, de croissance et d’investissement comme l’agriculture, l’artisanat et les technologies de l’information et la communication (TIC).
Ces programmes, outre l’Etat, sont notamment financés par la Banque africaine de développement et la Banque islamique de développement.
« Nous promettons, si tous ces programmes sont réalisés, de dépasser 500.000 emplois à l’horizon 2017-2018. Notre politique est de faire comprendre que la Fonction publique n’est pas le cadre pour absorber l’emploi. Il faut promouvoir l’initiative privée », dit à l’AFP M. Sambou.