Sept morts dans l’incendie du ferry Norman Atlantic, passagers évacués

« A 14H50 (13H50 GMT), le commandant Argilio Giacomazzi abandonne le navire », ont indiqué les garde-côtes italiens sur leur compte Twitter. Presque trois ans plus tôt, un autre commandant italien, Francesco Schettino, s’était comporté d’une manière beaucoup moins digne en abandonnant son paquebot en train de sombrer, avec à son bord des dizaines de passagers attendant encore d’être sauvés.

Les opérations de secours du Norman Atlantic, qui ont débuté dimanche peu après un violent incendie, ont pris fin avec le départ de ce commandant âgé de 62 ans.

Pendant plus de 24 heures, une noria de navires et d’hélicoptères ont évacué les 422 passagers, transis de froid et certains souffrant de brûlures, et les 56 membres d’équipage, à l’exception des sept morts dont les corps ont été repêchés dans l’Adriatique.

Les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises s’étaient lancées dès dimanche matin dans une course contre la montre pour récupérer des dizaines de personnes, prises au piège pendant plus de 34 heures sur le pont de ce ferry, battu par des vents glacés et enveloppé d’une fumée épaisse, qui a longtemps gêné les secours.

Une cinquantaine de ces rescapés, exténués et transis de froid, sont arrivés lundi matin à Bari (sud-est), à bord du cargo « Spirit of Piraeus », selon les autorités italiennes.

D’autres, près de 70, ont pris la direction de la Grèce.

« La situation est bonne » pour ces rescapés, en majorité grecs, dont quatre enfants et une femme enceinte, a commenté le préfet de Bari, Antonio Nunziante.

L’un d’entre eux avait toutefois des bandages aux mains, et un médecin a confirmé que certains souffraient de brûlures aux pieds ou aux mains, mais toutefois sans gravité.

« Ils ont pleuré et embrassé leurs sauveteurs », a-t-il indiqué aux journalistes rassemblés sur le lieu où s’est amarré le porte-conteneurs.

– Très amer –

Un de ces rescapés, non identifié, s’est montré très amer sur les circonstances du drame, qui a débuté tôt dimanche matin au large de l’Albanie.

Interrogé sur la chaîne italienne SKYTG24, il a dénoncé le manque patent d’entraînement de l’équipage et l’impossibilité de mettre des chaloupes à la mer. « Une seule a pu être mise à l’eau », a-t-il dit.

Fotis Tsantakidis, chauffeur de camion, a raconté de son côté au journal grec Ethnos qu’il s’était réveillé à cause d’une intense odeur de brûlé. « Je suis sorti en courant. Je cherchais un gilet de sauvetage mais je n’en ai pas trouvé », a-t-il dit, ajoutant qu’il avait pu embarquer sur le « Spirit of Piraeus » en dépit des fortes vagues rendant la manoeuvre très périlleuse.

« Un Italien est tombé à l’eau à ce moment là mais il portait heureusement un gilet de sauvetage », a-t-il raconté.

Un passager grec n’a pas eu cette chance. Tombé du ferry dans des circonstances peu claires, il est resté plus de quatre heures dans l’eau aux côtés de sa femme, qui a raconté son calvaire à l’agence italienne Ansa.

– « J’ai vu mourir mon mari » –

« J’ai vu mourir mon mari. J’ai essayé de le sauver, mais je n’y suis pas arrivée », a-t-elle affirmé depuis un hôpital de Lecce (sud-est de l’Italie) où elle a pu être transportée après avoir été sauvée.

La plupart des rescapés sont indemnes, mais souffrent d’hypothermie ou de problèmes respiratoires, selon les sauveteurs interrogés par les médias italiens.

Les autorités italiennes ont mobilisé quatre remorqueurs dans le but de stabiliser dans un premier temps le Norman Atlantic, un ferry de 186 mètres de long.

Une fois l’évacuation et l’inspection du navire terminées, il devrait être remorqué, probablement jusqu’au port de Brindisi, si les conditions météorologiques le permettent. Un remorquage vers l’Albanie, plus proche, est également envisagé en cas de besoin.

Le feu s’est déclaré sur le ferry dimanche à l’aube dans l’emplacement réservé aux véhicules, par une mer démontée et des vents violents, alors que le bateau assurait la liaison entre Patras, dans le sud-ouest de la Grèce, et Ancône, dans l’est de l’Italie.

Le ferry, construit en 2009, battant pavillon italien et affrété par la compagnie grecque Anek, avait récemment été inspecté. Selon l’armateur italien, un problème avait été détecté sur l’une des portes pare-feu, située sur le pont numéro 5, précisément à l’endroit où l’incendie se serait déclenché, mais il avait été réglé avant le départ du ferry.

Le parquet de Bari a ouvert une enquête criminelle pour tenter d’éclaircir les circonstances de ce drame et trouvé les responsables.

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