Le contrat d’Océane Pozzo, 25 ans, vice-championne d’Europe en 2013 de snowboard cross, discipline qu’elle pratique depuis dix ans, a été rompu le 1er août dernier par la SNCF au terme de cinq mois de procédure.
L’entreprise reproche à la jeune femme « plusieurs manquements », dont celui de ne pas s’être présentée à son poste de travail le 21 mars dernier et les jours suivants pour reprendre son activité professionnelle à temps complet, ainsi qu’elle avait été invitée à le faire par son employeur.
La championne, aujourd’hui enceinte de quatre mois, avait été embauchée en décembre 2010 par la SNCF et officiait de mai à septembre, lorsque sa saison sportive s’achevait comme agent commercial détaché à la vente de billets à Annecy (Haute-Savoie) dans le cadre d’un CDI aménagé à mi-temps.
« Concrètement, je ne sais pas ce qui a déclenché le problème. Compte-tenu de mes blessures et de mon absence du groupe de l’Équipe de France de ski, mon image n’était plus en adéquation avec celle que souhaite véhiculer la SNCF. Si j’avais été championne olympique, cela aurait été différent », a estimé la jeune femme au cours d’une conférence de presse mercredi à Chambéry.
Pour le syndicat, qui pointe l’attitude « inacceptable » de l’entreprise, « notamment au regard de sa grossesse déclarée », Océane Pozzo a été « enjointe sans raison » à rejoindre son lieu de travail à temps plein alors qu’elle se trouvait toujours au coeur de sa saison sportive.
« Océane avait pourtant fourni son planning sportif. La convention signée n’a pas été respectées par la SNCF. Nous allons en apporter les preuves », a prévenu Bernard Tournier, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots du secteur de Chambéry.
Contactée, la SNCF n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier. « Ce n’est ni une question de calendrier, ni de grossesse, celle-ci ayant été déclarée après l’enclenchement de la procédure », a toutefois précisé une source proche de l’entreprise, évoquant des « absences irrégulières » de la jeune femme et des « absences de réponse » aux convocations du conseil de discipline de la SNCF.
La championne, qui souhaite demander réparation, réfléchit à des poursuites judiciaires. Pour l’heure, elle a décidé de mettre sa carrière entre parenthèses. « Pour le moment, j’ai du mal à me projeter sur l’avenir. J’espère simplement pouvoir manger, payer mon loyer, et m’occuper de mon futur enfant », dit-elle.
Depuis 1982, la SNCF propose aux sportifs français de haut niveau des contrats d’insertion professionnelle aménagés qui débouchent, au terme de leur carrière, sur un emploi au sein de l’entreprise.