Le tribunal tenait sa première audience mercredi à huis clos, au cours de laquelle il a entendu le président du directoire de la compagnie maritime, Olivier Diehl, et les avocats du comité d’entreprise, et à laquelle assistaient des représentants du personnel.
Le tribunal peut ne pas reconnaître la cessation de paiement, auquel cas, aucune procédure ne sera ouverte. Sinon, il peut placer la société en redressement judiciaire ou alors prononcer la liquidation judiciaire.
« La demande de nos avocats a été de réfuter la cessation de paiement », a indiqué à la sortie de l’audience Dominique Broquier, une représentante du CE.
« Nous avons expliqué la situation de la SNCM, ses difficultés, et les motivations de notre demande de mise en redressement judiciaire », a déclaré M. Diehl à la presse.
Transdev, principale actionnaire de la SNCM, a demandé début novembre à sa filiale de rembourser de manière anticipée 103 millions d’euros de prêts qu’elle lui avait accordés, et Veolia (coactionnaire de Transdev), 14 millions. Ces demandes de remboursement avaient pour seul but de provoquer la cessation de paiement de la compagnie qui ne possède pas ces liquidités.
« C’est surprenant qu’un actionnaire majoritaire puisse réclamer des prêts octroyés quand on en avait besoin. Ce qui a été aussi soulevé par le procureur », a souligné Mme Broquier.
« Le procureur aussi a decelé des paradoxes dans ce dossier », a-t-elle souligné, même si le parquet a également constaté « l’état de trésorerie actuel », qui « met (l’entreprise) dans un situation assez inconfortable », selon elle.
Trandev plaide depuis des mois, avec l’accord de l’Etat (actionnaire à 25%), pour un redressement judiciaire qui permettrait selon eux d’annuler les condamnations européennes dont la SNCM fait l’objet – plus de 400 millions d’euros d’aides publiques à rembourser – et de trouver un repreneur.
De nombreux salariés, dont environ 200 s’étaient rassemblés devant le tribunal de commerce pendant l’audience, craignent, eux, au mieux une « boucherie sociale » et au pire, la liquidation pure et simple de la société en quelques mois.
Interrogé sur cette possibilité, M. Diehl a répondu: « C’est toujours un risque. Je pense (…) qu’il vaut mieux chercher à aller le plus rapidement possible pour trouver des solutions, plutôt que d’attendre d’être face au mur. »
« Il y a des repreneurs, nous discutons. Il y a d’autres touches, des touches nouvelles, donc nous pensons que nous pourrons amener des dossiers solides auprès du tribunal », a-t-il ajouté.
Le tribunal de commerce se prononcera aussi vendredi sur la nomination ou pas d’un juge-enquêteur.