« Le comité d’entreprise vient d’être suspendu jusqu’à lundi », a déclaré mercredi en fin d’après-midi à l’AFP Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC: « Les salariés ont demandé en urgence la réunion d’un conseil de surveillance », au lendemain d’une réunion en préfecture infructueuse entre la direction, les syndicats et les actionnaires de la société menacée de redressement judiciaire.
Un porte-parole de la direction a confirmé ces deux points dans un court e-mail à l’AFP.
« On constate une accélération suspecte de Transdev (le principal actionnaire de la SNCM) vers le tribunal de commerce », a expliqué M. Maupoint de Vandeul. Il a notamment rappelé que la réunion de mardi en préfecture avait mis en lumière les inquiétudes sur la possibilité de transmettre à un éventuel repreneur la délégation de service public de la SNCM, un marché de plus de 600 millions d’euros qui lui a été attribué jusqu’en 2022.
Sans la transmission de ce contrat, la CFE-CGC craint que le redressement judiciaire ne soit qu’un « toboggan » vers la liquidation.
Au cours du CE, « la direction a continué à tenir le discours qui est celui de Transdev depuis hier, qui consiste à dire +on est au bord du redressement judiciaire+ », a regretté Jean-François Simmarano, délégué CGT.
« En même temps, et c’était l’objet de ce CE, elle nous propose d’étudier un projet de réorganisation de l’activité », a poursuivi M. Simmarano. Ce projet, déjà évoqué lors d’une précédente réunion en préfecture, prévoirait notamment plusieurs centaines de suppressions d’emplois.
« C’est une drôle de situation… Soit on se donne le temps de valider ce projet et de trouver un repreneur qui accepte ce projet… soit on on ne trouve pas de repreneur, et c’est la liquidation », a-t-il commenté.
Mercredi matin, la direction de la SNCM avait estimé « urgent » de chercher un repreneur pour la compagnie maritime, jugeant que la « perspective d’un redressement judiciaire se confirm(ait) ».
Elle avait aussi jugé que la nouvelle réunion programmée le 18 novembre à l’issue de la réunion de mardi n’avait « pas prolongé le moratoire décidé en juillet dernier ». A l’issue d’une grève de 17 jours en juillet, la solution du redressement judiciaire –soutenue par la direction et les actionnaires de la société, dont l’Etat– avait été écartée jusqu’à fin octobre, et trois réunions de médiation avaient été programmées. Le rendez-vous de mardi devait être le dernier de ce cycle.
Mardi soir, Transdev avait aussi prévenu qu’il ne se sentait « en aucun cas lié par la prolongation de la médiation au-delà du 31 octobre », et souhaité qu’un redressement judiciaire intervienne « au plus vite ».
Roland Blum, adjoint au maire UMP de Marseille, a de son côté mis en garde mercredi contre le redressement judiciaire « prôné par le Premier ministre, qui va en réalité, devenir une liquidation de l’entreprise car il n’y aura pas de repreneurs si la délégation de service public (…) n’est pas transmissible ».
Les actionnaires et la direction de la SNCM maintiennent que le placement en redressement judiciaire est la seule solution pour éponger son passif financier (14 millions d’euros de perte en 2012) et s’affranchir des condamnations de Bruxelles à rembourser des centaines de millions d’euros d’aides de l’Etat jugées illégales.