Les attaques perpétrées par les pirates somaliens sont à leur plus bas depuis trois ans. Mais les patrouilles dans le golfe d’Aden et l’océan Indien, ainsi que la présence des gardes armés, deux mesures onéreuses, ne sont pas une solution sur le long terme, poursuit-elle dans un rapport.
Ces mesures « ne sont efficaces que le temps qu’elles durent: il faudrait qu’elles soient permanentes pour empêcher une résurgence de la piraterie, » résume l’un des co-auteurs, Quy-Toan Do.
Les Américains et les Européens, notamment, sont engagés dans ces patrouilles navales.
La Banque mondiale préconise plutôt de concentrer les efforts sur la terre ferme, affirmant que la première solution durable est « politique ».
« Les pirates bénéficient d’un soutien à terre quand ils mènent des négociations ou quand ils doivent s’assurer l’accès aux côtes », poursuit le rapport publié dans la capitale somalienne Mogadiscio.
« De leur côté, d’importants acteurs politiques récoltent une bonne part des bénéfices de la piraterie, » ajoute-t-il, estimant à entre 315 et 385 millions de dollars (240 à 295 millions d’euros) le montant total des rançons payées depuis 2005.
Le coût pour le commerce mondial est encore supérieur, poursuit la Banque mondiale: chaque année, les coûts de transport seraient, à cause de la piraterie, augmentés de 18 milliards de dollars (14 milliards d’euros).
Les pirates opèrent sur une route maritime clé, qui passe par le golfe d’Aden et le Canal de Suez. Au fil du temps, ils ont étendu leur zone d’action jusqu’à plus de 3.500 km des côtes somaliennes dans l’océan Indien.
Mais trouver des solutions politiques est loin d’être aisé.
La Somalie est privée de gouvernement central effectif depuis la chute du président Siad Barre en 1991, incessamment en proie à des luttes de pouvoir claniques ou des rebellions. Les pirates contrôlent eux-mêmes certaines régions.
Avec la mise en place, en septembre, d’un gouvernement pérenne — depuis plus d’une décennie la Somalie n’avait que des autorités de transition — est né un espoir de pacification de ce pays de la Corne de l’Afrique.
Mais ce gouvernement, soutenu contre les insurgés islamistes shebab par une force de l’Union africaine (Amisom) de quelques 17.000 hommes, ne contrôle pas encore les zones d’où les pirates opèrent — principalement le long de la côte nord, dans la région autonome du Puntland.
« Toute l’administration du Puntland est soupçonnée de corruption, collusion avec les pirates, ou de protection » des pirates, dénonce le rapport.
Selon le Bureau maritime mondial, qui met lui en garde contre des enlèvements croissants à terre, les pirates somaliens détiennent actuellement cinq bateaux et 77 otages.