Les mis en examen sont soupçonnés de « détention, transport ou cession d’espèce protégée en bande organisée », ainsi que de « recel de pêche prohibée », a indiqué à une correspondante de l’AFP Philippe Coindeau, procureur de la République de Saintes.
« Une vingtaine de personnes » résidant en Charente-Maritime sont « impliquées à des degrés différents », a-t-il ajouté.
L' »alevin d’anguille », aussi appelé « civelle » ou « pibale », désigne l’alevin de l’anguille européenne, une espèce menacée.
Une société spécialisée dans la commercialisation de civelles et gérée par un ressortissant britannique installée en Charente-Maritime, est soupçonnée d’avoir acheté et vendu illégalement une partie de sa marchandise.
« La société s’approvisionnait pour partie auprès de braconniers avec une comptabilité distincte », semble-t-il tenue dans ce but au sein de l’entreprise, également épinglée pour des infractions au droit du travail, selon le magistrat.
Si les employés « ont reconnu s’être livrés au trafic », le gérant a affirmé que cela s’était passé « à son insu » alors que « des éléments posent question », selon M. Coindeau.
C’est un petit avion appartenant au gérant et effectuant de fréquentes rotations entre la Charente-Maritime et les Bouches-du-Rhône, qui avait alerté les gendarmes. « On ne sait pas s’il a servi au transport de marchandises », a précisé le procureur, expliquant qu’il existait, en revanche, « des preuves de vente illégale vers l’Espagne », où la civelle est très appréciée.
Les gendarmes avaient repéré des braconniers se livrant à la pêche illégale en 2013, conduisant à l’ouverture d’une information judiciaire début 2014. « Il y avait un projet de filières vers l’Asie (…) mais c’est resté à l’idée de projet », a complété M. Coindeau rectifiant les premiers éléments d’enquête diffusés jeudi.
Sept personnes avaient été placées en garde à vue mardi et plusieurs centaines de kilos de marchandises, de l’argent, des documents et des véhicules avaient été saisis.
La pêche à la civelle, très réglementée, nécessite une licence spécifique et reste soumise à des quotas. Sa vente hors de l’Union européenne est interdite alors qu’il existe une très forte demande en Asie, où elle se négocie à des prix pouvant dépasser 500 euro le kilo.