Le numéro un mondial du transport de conteneurs, dont les principaux concurrents sont l’italo-suisse MSC et le français CMA CGM, a annoncé mercredi un bénéfice net multiplié par 13, à près de 2,7 milliards de dollars (environ 2,3 milliards d’euros).
Soit pratiquement autant que pour l’ensemble de l’année 2020, déjà marquée par un bond des bénéfices du fait de l’envolée de la demande et des prix du fret à partir du second semestre. Le bénéfice ressort également au-dessus des attentes des analystes.
Le chiffre d’affaires, déjà annoncé de façon préliminaire la semaine dernière, a bondi de 30% sur un an, à environ 12,4 milliards de dollars.
Le PDG de l’armateur danois, Søren Skou, s’est réjoui d’une « performance exceptionnelle » avec un « bénéfice record pour le trimestre » même si la situation a provoqué « des défis opérationnels significatifs ».
« La forte demande a provoqué des goulots d’étranglement ainsi qu’une pénurie de capacité et d’équipements, ce qui a poussé les prix du fret à des niveaux records », a-t-il résumé dans le rapport financier.
Alors qu’il pensait voir la situation retomber à la normale dans les premiers mois de l’année, le groupe basé à Copenhague s’attend désormais à voir ces effets « perdurer jusqu’au cours du quatrième trimestre ».
Le géant danois, qui emploie plus de 80.000 personnes et possède ou exploite quelque 700 navires parmi les plus grands du monde, table sur un bénéfice opérationnel compris entre 9 et 11 milliards de dollars en 2021, soit près du double de sa précédente prévision.
Fort de cette bonne situation, il a annoncé un nouveau programme de rachat de ses propres actions, pour 5 milliards de dollars sur les deux prochaines années.
– Effet canal de Suez –
Le titre, proche de ses niveaux records, était en hausse de près de 3,4% vers 08H00 GMT à la Bourse de Copenhague, à 15.495 couronnes danoises.
En un an, l’action Maersk a presque triplé, portant la valeur boursière du groupe au-delà des 45 milliards de dollars.
Depuis mi-2020 et notamment depuis la fin de l’année dernière, la demande de transport maritime, qui avait fléchi au début de la crise sanitaire, a affiché un très fort rebond, entre autres de l’Asie vers les Etats-Unis et l’Europe.
Selon les armateurs et les analystes, cette tendance s’explique, Covid oblige, par un bond de la demande de produits médicaux mais aussi manufacturés sur lesquels les consommateurs se rabattent faute par exemple de pouvoir voyager ou aller au restaurant.
Elle est aussi accentuée par un restockage de nombreuses entreprises, qui avaient réduit leurs commandes lors des premiers mois de la pandémie.
« Ce rebond lié à une hausse mondiale de la demande n’est pas surprenant en soi. Ce qui l’est, c’est le temps visiblement nécessaire à corriger cette situation », avait souligné Michael Field, analyste du cabinet Morningstar, dans une note publiée la semaine dernière.
Sur certaines liaisons, principalement depuis l’Asie, les tarifs des conteneurs ont été triplés ou quadruplés.
En mars, cette situation déjà tendue avait été aggravée par le blocage du passage du canal de Suez en Egypte pendant six jours, formant de gigantesques embouteillages de navires qui ont mis plusieurs jours à se résorber.
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