Environ 110 migrants de divers pays d’Afrique subsaharienne se trouvaient à bord de deux embarcations de fortune « parties de la côte près de Sfax dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier », a précisé à l’AFP un responsable de la Garde nationale sous couvert d’anonymat. « Des opérations sont en cours pour rechercher d’autres migrants portés disparus », a-t-il ajouté.
« Parmi les 27 corps repêchés au large de (l’archipel des) Kerkennah (est) figurent des femmes et des enfants », a précisé à l’AFP Zied Sdiri, le directeur régional de Protection civile à Sfax. Selon M. Sdiri, 15 des 83 personnes secourues par les gardes-côtes tunisiens (affiliés à la Garde nationale) ont été transférées dans un hôpital.
Avec la Libye, la Tunisie dont le littoral se trouve en certains endroits à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, est devenu ces dernières années le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l’Europe.
Dans un communiqué publié jeudi, la Garde nationale a confirmé le tragique bilan, en ajoutant que parmi les migrants morts il y a un bébé et que 17 femmes et 7 enfants figurent parmi les personnes secourues.
Les deux embarcations ont été retrouvées à environ cinq kilomètres des côtes des îles Kerkennah, a précisé de son côté M. Sdiri. L’une d’elle avait chaviré tandis que l’autre avait coulé, pour des raisons encore à déterminer.
Plusieurs naufrages se sont produits en Tunisie ces dernières semaines, marquées par de mauvaises conditions météorologiques.
Le 31 décembre, les autorités ont annoncé la mort de deux migrants tunisiens incluant un enfant de cinq ans et le sauvetage de 17 autres au nord du pays après une panne sur leur embarcation de fortune.
Le 18 décembre, 20 migrants subsahariens avaient péri dans un naufrage au large de Sfax (centre-est), 5 autres étant portés disparus. Le 12 décembre, 27 migrants d’Afrique subsaharienne avaient été secourus dans la même zone mais 15 autres ont été retrouvés morts ou ont disparu.
– « Des centaines d’enfants » –
Selon un communiqué de l’Unicef publié mercredi, le nombre de migrants morts ou disparus en Méditerranée « a dépassé les 2.200 personnes en 2024, dont près de 1.700 vies perdues » sur la dangereuse route de Méditerranée centrale, entre l’Afrique du nord et les côtes italiennes. Ce bilan inclut « des centaines d’enfants qui représentent une personne sur cinq qui émigre via la Méditerranée. La majorité de ces migrants fuient des conflits violents et la pauvreté », a souligné l’Unicef.
A la suite d’une campagne anti-migrants déclenchée par un discours aux accents xénophobes du président Kais Saied au printemps 2023, des milliers de migrants d’Afrique subsaharienne avaient été rapatriés par leurs pays, tandis que les tentatives d’émigration clandestine vers l’Europe s’étaient accélérées.
Des milliers de Tunisiens cherchent aussi à quitter la Tunisie chaque année, face à la détérioration de la situation économique et à de fortes tensions politiques.
Sous l’impulsion de l’Italie, l’Union européenne a conclu en juillet 2023 un « Partenariat » avec la Tunisie prévoyant une aide budgétaire de 150 millions d’euros et l’octroi de 105 millions d’euros pour aider le pays à lutter contre l’immigration irrégulière. Ces aides ont débouché sur une hausse des interceptions de bateaux clandestins en 2024 et une nette réduction des arrivées en Italie.
Selon l’agence italienne Nova, les débarquements sur les côtes italiennes ont chuté de 60% sur un an avec 65.472 arrivées au 24 décembre. En 2024, les migrants sont partis davantage de Libye (41.425 migrants) que de Tunisie (19.246 personnes, un chiffre en baisse de 80% sur un an), les autres arrivant de Turquie ou d’Algérie, selon Nova.