En visite à Kiev, le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a appelé le président russe, Vladimir Poutine, à montrer par des « actes » la volonté de la Russie de jouer l’apaisement dans l’est de l’Ukraine.
Accusé par Kiev et les Occidentaux d’armer la rébellion pro-russe et de déployer des troupes dans l’est de l’Ukraine – jusqu’à 10.000 à ce jour malgré la trêve, accuse l’armée ukrainienne – Moscou dément catégoriquement toute implication dans le conflit.
Alors que le processus de paix est au point mort, le président ukrainien, Petro Porochenko, a dit « espérer » réunir dimanche à Minsk le Groupe de contact composé de représentants de l’Ukraine, de la Russie et de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui négocie avec les rebelles la mise en oeuvre du plan de paix signé en septembre.
« Nous nous sommes mis d’accord pour organiser une vidéo-conférence du groupe de contact jeudi et vendredi et j’espère que ce groupe pourra se réunir dimanche à Minsk », a déclaré M. Porochenko au cours de sa visite à Varsovie.
Cette décision a été prise au cours de son entretien téléphonique la veille avec le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, et Vladimir Poutine.
Interrogé par l’AFP, le dirigeant séparatiste, Denis Pouchiline, chargé de ces pourparlers, s’est aussi dit favorable à la tenue d’une rencontre dimanche.
« Je n’ai rien contre cette date mais nous n’avons pas encore de confirmation des médiateurs, ni de la part de la Russie, ni de la part de l’OSCE », a-t-il déclaré.
« Une telle rencontre aura lieu, mais son ordre du jour n’est toujours pas établi », avait auparavant déclaré le « président » de la république séparatiste de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, cité par les agences de presse russes.
– Nouvelles sanctions occidentales ? –
Une rencontre à Minsk avait été initialement programmée le 9 décembre, date de l’entrée en vigueur d’une nouvelle trêve dans le conflit de huit mois qui a fait plus de 4.700 morts.
Mais, en dépit du cessez-le-feu globalement respecté aux yeux des protagonistes, ces pourparlers n’ont pas eu lieu.
Alors que l’Union européenne s’apprête à frapper davantage jeudi les intérêts russes en interdisant les investissements et les croisières en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie, Mme Mogherini a estimé que les déclarations de bonne volonté de Moscou devaient se transformer en actes.
Selon elle, « il y a des éléments qui font penser qu’il y a un peu plus de volonté de régler le conflit de la part de la Russie », mais on a déjà « eu de telles impressions à plusieurs reprises ces derniers mois ».
« J’espère que la volonté exprimée par la Russie sera suivie de choix conséquents et d’actes » concrets, a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse à Kiev.
La veille, la Maison blanche avait annoncé que Barack Obama signerait la loi adoptée par le Congrès américain autorisant de nouvelles sanctions contre la Russie frappant des entreprises énergétiques et de défense.
Cette menace intervient au moment où la Russie est confrontée à une crise monétaire sans précédent depuis 1998 avec la chute vertigineuse du rouble.
Depuis le début de l’année, la monnaie russe a perdu la moité de sa valeur, conséquence d’une année d’isolement croissant de la Russie pour cause de crise ukrainienne et de la chute des prix du pétrole, principale source de revenus de l’Etat. Le choc monétaire du début de semaine commence déjà à se répercuter sur les prix.
Autre coup dur pour la Russie: 400 marins russes ayant suivi en France une formation au maniement du navire militaire Mistral, commandé par Moscou mais dont la livraison a été suspendue sine die par Paris, vont quitter ce pays.
Ce départ aura lieu « avant les fêtes de fin d’année » et pour une durée indéterminée, a précisé le constructeur naval DCNS.
La livraison du navire, qui devait à l’origine avoir lieu début octobre, a été suspendue par la France en raison de la détérioration de la situation en Ukraine.
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