Jonathan Toebbe, 43 ans, a plaidé coupable devant un juge fédéral, plus de quatre mois après avoir été arrêté avec sa femme Diana, dans cette affaire rocambolesque. En échange, il devrait être condamné à une peine comprise entre 12 ans et demi et 17 ans et demi de prison.
Son épouse, une enseignante, a jusqu’ici maintenu son innocence et tenté d’obtenir une remise en liberté pour s’occuper de leurs deux enfants adolescents. Mais l’accord de plaider-coupable conclu par Jonathan Toebbe l’incrimine.
« Diana Toebbe s’est associée volontairement et en toute connaissance de cause à ce complot visant à transmettre des données confidentielles à une autre personne dans le but d’en tirer un bénéfice auprès d’une nation étrangère », selon le document.
Ce rebondissement ne lève pas le mystère sur le pays à qui le couple a tenté de vendre ses informations. Les documents judiciaires laissent simplement entendre qu’il s’agit d’un allié des Etats-Unis et qu’on n’y parle pas anglais.
Les sous-marins nucléaires américains ont été au centre d’une vive crise diplomatique en septembre, quand l’Australie a annulé un mégacontrat avec la France pour annoncer un partenariat stratégique avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Selon les documents judiciaires, Jonathan Toebbe travaillait depuis 2012 à la conception des réacteurs de sous-marins de la classe Virginia, la dernière génération des submersibles d’attaque de la flotte américaine.
En avril 2020, il avait adressé un colis à un pays tiers avec de premiers documents et des instructions pour établir un contact. « Je m’excuse pour cette mauvaise traduction dans votre langue », affirmait l’ingénieur dans son message en promettant de livrer « des informations de grande valeur ».
Le colis était parvenu en décembre 2020 à l’attaché de la police fédérale américaine dans ce pays. Le FBI avait alors noué le contact avec l’ingénieur en se faisant passer pour un représentant de ce pays qui a coopéré, allant jusqu’à placer un drapeau sur son ambassade à Washington pour prouver à Jonathan Toebbe que son interlocuteur n’était pas un enquêteur.
Jonathan Toebbe avait reçu entre juin et août des paiements en cryptomonnaies pour 100.000 dollars, en échange de quoi il a remis des informations confidentielles de la marine.
Ces données étaient contenues dans des cartes SD cryptées, déposées par le couple dans des lieux convenus à l’avance et dissimulées dans un sandwich au beurre de cacahuètes, un paquet de chewing-gum ou un emballage de pansement.