Un filet high-tech contre les requins sauvera-t-il les baigneurs du Cap ?

Présenté comme une petite révolution par ses promoteurs, une filiale du fabricant d’armement sud-africain Armscor, cette herse prend la forme d’un filin fixé sur le fond marin et hérissé d’antennes semi-rigides pulsant des ondes à basse fréquence.

La technologie s’inspire des appareils de répulsion des requins appelés aussi POD (protective oceanic device) portés à la cheville par les plongeurs ou les surfeurs, inventés en Afrique du Sud et commercialisés par des Australiens.

Utilisant des propriétés bien connues du museau des requins, dans lequel se logent de fins récepteurs leur permettant de deviner un battement cardiaque même dans les eaux les plus troubles, le champ électromagnétique les fait fuir.

En revanche pour les êtres humains, le contact avec une électrode du filet n’occasionnera qu’un simple picotement sans danger.

« Si c’est un succès, cela nous donnera les bases pour développer un système de barrière pouvant protéger les baigneurs sans tuer ni blesser les requins, ou tout autre animal marin », souligne le Kwazulu-Natal Sharks Board, l’organisme public sud-africain chargé de la protection des plages de Durban (est), l’autre grande métropole balnéaire sud-africaine sur l’océan Indien.

Les filets installés depuis soixante ans à Durban présentent l’inconvénient majeur de tuer des centaines d’innocentes créatures marines tous les ans, tortues, raies, dauphins, piégées comme dans un filet de pêche à 400 mètres des plages.

« On travaille comme des damnés pour trouver une solution indolore pour l’environnement », explique Paul von Blerk, un spécialiste du Kwazulu Sharks Board, qui va superviser l’expérience au Cap pendant cinq mois.

53 requins en 25 jours

Mais « c’est plus facile à imaginer qu’à transposer dans la réalité », souligne également Claude Ramasini, chef du projet à l’Institute for Maritime Technology, filiale d’Armscor.

Les courants sont puissants, les fonds marins bougent, tout comme les structures et la vie marine. Sans compter l’inévitable difficulté à utiliser de l’électricité sous l’eau.

La plage de Glencairn choisie pour l’expérience est prisée des baigneurs parce que l’eau y est (un peu) moins froide que de l’autre côté de la péninsule du Cap.

Mais elle a surtout été sélectionnée pour la clarté de ses eaux qui permettra de filmer avec des caméras les mouvements des requins, et de vérifier –également depuis la plage avec des jumelles– que le filet les oblige à se détourner de leurs parcours habituels.

Le scénario ne devrait pas manquer d’action. En 25 jours d’observation, pas moins 53 squales ont été aperçus au large de cette plage.

« C’est vraiment une bonne idée », salue Alison Kock, une biologiste et chercheuse de l’équipe de surveillance anti-requins du Cap. « Cette technologie est vraiment spécifique car elle cible un sens dont seuls les requins et les raies sont dotés. Les mammifères, tels les dauphins ou les baleines, en sont dépourvus et ne seront pas affectés ».

Même enthousiasme et même soutien au WWF Afrique du Sud qui salue une initiative plus que bienvenue à un moment où « les requins blancs posent un problème croissant en Afrique du Sud », selon John Duncan, avec treize morts par morsure en dix ans.

Face à l’inquiétude du monde du tourisme, en Afrique du Sud et ailleurs comme à La Réunion, plusieurs entreprises se sont lancées dans la course pour trouver LA solution anti-requins.

« Mais il y a peu d’études en milieu réel, pas de test ou pas de test sur les espèces cibles –chez nous, le requin bouledogue ou tigre », différent des requins blancs évoluant au large des côtes sud-africaines, explique Antonin Blaison, chercheur à l’Institut de recherche en développement (IRD). « Les répulsifs peuvent marcher pour une espèce, pas pour d’autre, et ensuite on a encore un problème qui est le phénomène d’accoutumance des requins qui s’adaptent aux signaux perçus ».

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