Un rapport préconise l’implantation d’une station scientifique internationale sur l’île de Clipperton

Le député propose également de donner à l’île le statut juridique de collectivité ad hoc, comme celles des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), de rétablir son nom originel d’Ile de la Passion dans les documents officiels, et de procéder au nettoyage du site, envahi par les déchets bien qu’inhabité.

Le député avait été chargé en septembre par Manuel Valls d’une mission sur « la valorisation scientifique » de Clipperton, seul territoire français du Pacifique Nord.

Situé à 12.000 km de la France métropolitaine, 6.000 de Tahiti et 1.300 des côtes mexicaines, l’île de 7 km2 dont 1,7 km2 de terres émergées est l’une des plus isolées du monde, mais elle dispose d’une zone économique exclusive (ZEE) de 435.000 km2, plus importante que celle de la métropole.

Cet atoll fermé (une rareté), « abrite un potentiel exceptionnel » (ressources halieutiques, écosystème corallien, zones de pêche riches en thonidés, etc.), mais « présente une image d’abandon assez catastrophique », a souligné le député en remettant son rapport jeudi soir à la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin.

Faute de gestion et de passages suffisants des bâtiments de la marine, l’atoll est envahi par les déchets (verre, plastique, lignes de pêches abandonnées mais aussi épaves de bateaux échoués), et subit le pillage des ressources par des bateaux de pêche pratiquant une pêche intensive et illégale, voire « des trafics », a-t-il expliqué.

Le député propose notamment l’implantation d’une station scientifique à caractère international, pour étudier par exemple les courants marins, la météo, le réchauffement, la montée des eaux, etc..

Le coût d’une telle implantation est estimé entre 15 et 20 millions d’euros, pour une équipe de 8 à 12 personnes. Le coût de fonctionnement reviendrait à moins de deux millions d’euros par an (ravitaillement, fret), qui pourrait se faire via quatre rotations annuelles à partir des Iles Marquises en Polynésie (7 jours de mer), avec des bateaux de pêche hauturière qui permettrait de développer cette activité en Polynésie, a expliqué le député.

Il préconise également de renégocier, avant sa reconduction tacite, l’accord franco-mexicain en vigueur, qui permet aux thoniers mexicains d’exploiter gratuitement le site, parfois à outrance. Il propose notamment de faire payer les licences de pêche, ce qui permettrait d’apporter des financements à la nouvelle collectivité.

Il suggère également de neutraliser le stock de munitions abandonnées par les Américains après la seconde guerre mondiale, et de dératiser l’île, envahie par ces rongeurs arrivés sur l’atoll à la suite de l’échouement d’un navire.

« Vous nous proposez une véritable feuille de route pour conserver la souveraineté de la France », a salué la ministre des Outre-mer, estimant qu’il y avait « des préconisations qui pourraient être rapidement mises en oeuvre », sans exiger de mobilisation de crédits.

Elle a d’ores et déjà annoncé le renforcement des passages de la marine nationale sur l’île, dont l’un « dans les prochaines semaines », pour évaluer le stock de munitions et entamer le nettoyage. Un deuxième bateau passera fin 2016 pour procéder à la fin du nettoyage et à la destruction des munitions.

Philippe Folliot s’était rendu au printemps 2015 sur l’île, devenant le premier député à avoir posé le pied sur cette miette de France, habitée notamment -outre les rats- par des millions de crabes et environ 100.000 fous masqués, des oiseaux au bec jaune et à la face noire.

Découverte le 3 avril 1711 par le navigateur français Michel Dubocage, l’île est devenue réellement possession française en 1858. Le Mexique lui a contesté sa souveraineté, mais un tribunal international a donné raison à la France en 1931.

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