« On a fait tout un pataquès pour annoncer cette commande et au final, dans le meilleur des cas, il n’y aura pas la moitié de fait par nous », a déclaré David Lebreton, secrétaire CGT du comité d’entreprise des Constructions mécaniques de Normandie (CMN), qui emploient 340 personnes à Cherbourg selon le syndicat.
Selon lui, une cinquantaine de Lituaniens de l’entreprise Litana sont arrivés progressivement lundi et mardi, une semaine après une dizaine de Roumains, alors que l’entreprise vient de recruter « à peine une dizaine d’intérimaires locaux ».
Dans un communiqué daté du 30 octobre la CFDT de Cherbourg s’était déjà dit « scandalisée » que la direction des CMN fasse appel à « des travailleurs Roumains et Lituaniens sans même solliciter les services locaux » de Pôle emploi.
Interrogé par l’AFP, Ludovic Jaouen, directeur de Pôle emploi Cherbourg-Ouest, a indiqué que les CMN n’avaient pas déposé d’offres d’emploi avant mercredi dernier.
Le PDG des CMN Pierre Balmer, interrogé mardi par l’AFP, n’a pas souhaité faire de commentaire mais il avait mis en avant, interrogé sur le même sujet dans le quotidien Ouest-France, « des questions de coûts et de délais à tenir ».
Selon M. Lebreton, sur la commande 30 bateaux passée aux CMN, huit chalutiers sont fabriqués à Cherbourg, dont trois par de la main-d’oeuvre étrangère. Il précise que trois patrouilleurs avec une coque en composite seront « sûrement » fabriqués en France, mais pas à Cherbourg pour des raisons techniques, que le sort de trois patrouilleurs avec une coque en aluminium n’est pas tranché et que les 16 chalutiers restants seront « sûrement fabriqués » en Europe de l’Est.
M. Balmer a seulement répondu à l’AFP qu’il n’était « pas exact » de dire que seuls huit des 30 bateaux seraient fabriqués à Cherbourg.
« C’est le triomphe du made in Cherbourg et donc du made in France », avait déclaré le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg le 5 septembre à Cherbourg lors de l’annonce de cette commande. Le président de la République François Hollande était venu le 30 septembre assister à la première découpe.