USS Cole: l’accusé dénonce “les chaînes” et les “agressions” à Guantanamo

Le Saoudien Abd-al-Rahim Nachiri, 47 ans, s’est mis debout devant le tribunal militaire d’exception de Guantanamo et a expliqué qu’il voulait “venir à chaque fois” à l’audience mais que “les chaînes et les mesures de sécurité étaient la seule chose qui pouvait l’en empêcher”.

Cheveux courts et le visage rasé, l’accusé, qui encourt la peine de mort, s’est plaint de “mauvais traitements” par les gardiens de prison. “Dans ma prison, je suis attaqué au nom des supposées mesures de sécurité”, a-t-il protesté, selon une retransmission des débats de Guantanamo sur une base militaire à Fort Meade (Maryland, est).

“Si les gardiens ne me traitent pas mieux, j’ai le droit de ne pas venir. Et de dire au monde que le juge m’a condamné à mort parce que je ne venais pas à l’audience en raison des chaînes”, a-t-il déclaré en arabe, traduit en simultané, au deuxième jour de cette audience préliminaire prévue pour durer jusqu’à jeudi.

Vêtu d’une tunique et d’un pantalon blancs couverts d’une veste de ville grise, le cerveau présumé de l’attentat contre le navire américain a précisé avoir boycotté les deux jours précédents d’audience, mardi et en juillet, en raison de ces “menaces” et de ces “mauvais traitements” dans sa cellule mais aussi lors du transport jusqu’à la salle du tribunal. “Ils disent que c’est la sécurité, mais ils ne peuvent pas tout faire au nom de la sécurité, la sécurité doit avoir une limite”.

“Merci de m’écouter”, a-t-il dit au juge James Pohl, “depuis dix ans, personne n’écoute ce que j’ai à dire”. Il lui a demandé de faire “cesser ces agressions”.

“J’ai mal au dos et ils me forcent à porter des chaînes ventrales autour de ma taille… ils enchaînent mes poignets, mes jambes… cela n’a rien à voir avec la sécurité, je n’ai rien dans les mains”, a-t-il dit en montrant ses mains. Le juge l’a interrompu, l’empêchant de décrire toutes les mesures prises à son encontre.

“C’est mon dossier, c’est mon droit de me défendre”. L’accusé, qui a été autorisé la veille à se soustraire à l’audience et s’est vu lire ses droits à ce sujet par le juge, a promis de venir à toutes les prochaines audiences, à condition d’être mieux traité. Il a demandé une chaise et une voiture “plus confortables” pour venir dans la salle du tribunal car le véhicule dans lequel il est conduit tous les matins le “rend malade”.

Considéré comme un proche d’Oussama ben Laden, M. Nachiri est poursuivi pour avoir orchestré l’attentat contre le navire américain USS Cole en 2000 au Yémen, qui avait fait 17 morts, et contre le pétrolier français MV Limburg qui avait fait un mort en 2002 à Aden.

Ses avocats ont réclamé à l’audience des informations contre un autre homme, Qaed Salim Sinan al-Harethi, tué lors d’une attaque de drone au Yémen en 2002 et présenté comme le cerveau de l’attaque contre le Cole sous l’administration Bush.

La procureure Andrea Lockhart leur a rétorqué que la défense avait déjà obtenu les renseignements dont elle avait besoin.

Rick Kammen, avocat de M. Nachiri, a également contesté la compétence des tribunaux militaires pour juger son client.

En 2000, quand le Cole a été attaqué, “pour les Etats-Unis, ce n’était simplement pas une guerre”, a-t-il dit estimant que “toutes les hostilités ne relevaient pas de la loi sur la guerre” et donc que cette affaire ne relevait de la compétence d’un tribunal militaire. L’avocat a rappelé en outre que “le Limburg était un navire français opérant dans des eaux internationales”.

L’audience a été suspendue prématurément en raison de l’ouragan Sandy qui approche de Guantanamo. Elle devrait reprendre jeudi à 11H00 (15H00 GMT).

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