« Supprimer totalement le droit du sol à Mayotte est très symbolique et cela ouvre un débat précisément sur ce qu’est la nation. C’est pour ça que je suis contre cette réforme qui est inutile et dangereuse », a déclaré l’ancien socialiste passé en 2017 dans le camp macroniste, au micro de France Inter.
Pour lui, une telle mesure « repose sur un fantasme, sur le fait que notre droit de la nationalité serait un appel d’air », « l’idée de faire croire (…) que le droit du sol est responsable du chaos qui règne à Mayotte ».
Manuel Valls, citant son propre exemple – il est né à Barcelone – et celui de sa soeur – née en France-, a rappelé que l’acquisition de la nationalité est déjà « un long parcours » et qu’elle ne s’acquiert pas « automatiquement » aujourd’hui en France.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé le 12 février qu’un projet de révision constitutionnelle serait déposé « avant l’été » pour supprimer le droit du sol dans ce département français au coeur de l’archipel très pauvre des Comores. « Il ne sera plus possible de devenir français si on n’est pas soi-même enfant de parent français », a résumé M. Darmanin.
Rappelant que « personne ne pourra me soupçonner d’un manque de fermeté en matière d’immigration », M. Valls a expliqué dans une tribune publiée en parallèle mercredi dans Le Monde qu’un enfant qui naît en France de deux parents étrangers « ne peut obtenir la nationalité française à 18 ans que s’il réside dans notre pays et qu’il justifie de cinq ans de résidence habituelle depuis ses 11 ans ».
« Je n’ose croire que l’on joue avec le droit de la nationalité pour des raisons purement politiques », a persiflé l’ancien Premier ministre de François Hollande. « Comment, demain, être ferme et crédible face à une extrême droite qui a pour réel objectif et projet de ne fonder la nationalité que sur le sang et l’appartenance ethnique ? ».