Vingt bateaux-usines de l’UE mis au pilori par Greenpeace

L’enjeu « est de montrer comment un nombre de barons de la pêche industrielle utilisent une vaste palette de ruses pour contourner les régulations » mises en place au niveau européen pour préserver les ressources halieutiques, précise l’ONG dans un rapport intitulé « Les navires-monstres, fléau des océans ».

Parmi les bateaux recensés – européens de par leurs pavillons et/ou leurs propriétaires– cinq battent pavillon espagnol, dont deux appartenant à la société espagnole Albacora, et quatre sont détenus par le groupe familial néerlandais Parlevliet en Van der Plas BV, sous divers pavillons de l’UE.

L’ONG cible aussi le thonier Franche Terre, immatriculé à Mayotte, détenu par l’armateur français Sapmer-SA basé à la Réunion.

Greenpeace accuse Sapmer d’avoir notamment « utilisé des aides publiques destinées à l’aide au développement des territoires d’outre-mer et contourné les règles encadrant les subventions » européennes pour se hisser sur le marché du thon tropical, avec quelque 20 navires.

Les navires figurant sur la liste noire sont, selon Greenpeace, représentatifs d’une flotte industrielle européenne d’une centaine de bateaux qui menace la préservation des stocks de poissons et est responsable « des plus gros dommages environnementaux et sociaux » causés par la pêche.

Certains ont été impliqués dans des opérations illégales de pêche, comme l’espagnol Albacora Uno, tandis que d’autres jonglent avec pavillons, sociétés écrans ou règles sociales.

Pour Greenpeace, l’UE a le devoir d’inciter au retrait de ces navires, dans le respect des engagements de sa nouvelle politique de pêche commune, « qui spécifie que les gouvernements doivent promouvoir une pêche durable ».

Europêche, l’influente association des organisations nationales d’entreprises de pêche de l’UE, a dénoncé dans cette campagne « une hystérie typique de Greenpeace ».

« Affirmer que ce qui est petit est bien et ce qui est grand est mal est une erreur (…) un grand nombre de petits navires pourraient aussi bafouer les règles (…) et les plus grands bateaux peuvent pêcher de manière parfaitement durable », a rétorqué son président, Javier Garat, dans un communiqué.

L’opposition grand-petit n’a pas lieu d’être si « ce sont les stocks sains de poissons qui sont visés et les techniques appropriées qui sont utilisées, ce qui est le cas avec tous les navires de l’UE », a-t-il insisté, relevant que « la flotte de l’Union est extrêmement bien contrôlée ».

Dans son rapport, Greenpeace épingle M. Garat dans un chapitre consacrée à l’influence de l’industrie sur les politiques, en le créditant d’être actionnaire et membre du conseil d’administration d’Albacora SA.

cb-ps/csg/cj

SAPMER

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