La ministre des Armées, Florence Parly, a présenté ce lundi 14 février 2022, avec le chef d’état-major des armées, le général d’armée Thierry Burkhard, une stratégie visant à élargir les capacités d’anticipation et d’action de la Marine nationale jusqu’à 6 000 m de profondeur.
Les fonds marins constituent un nouveau champ de conflictualité au même titre que l’espace exo-atmosphérique, le cyberespace et la sphère informationnelle.
Avec la deuxième zone économique exclusive au monde, la France veut être en mesure de garantir la liberté d’action de ses forces et de protéger sa souveraineté, ses ressources et ses infrastructures jusque dans les profondeurs océaniques.
Les espaces maritimes sont régis par un corpus de normes internationales au premier rang desquelles se trouve la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM). Ce texte stipule que les droits des États s’amenuisent à mesure que l’on s’éloigne de la côte. Au cours des dernières années, certains États ont toutefois développé des interprétations extensives de la convention, à des fins d’appropriation des ressources (minières, biologiques ou fossiles) ou d’espaces maritimes au regard de la situation géopolitique de la zone.
Face à ces affirmations de puissance, à la recrudescence des actions hybrides dans les fonds marins et à l’émergence du concept de maîtrise des fonds marins, la protection de nos intérêts stratégiques dans cet espace est un enjeu déterminant pour :
- Garantir la liberté d’action de nos forces face à des stratégies de surveillance et d’interdiction sous-marine potentiellement déployées depuis les fonds marins ;
- Protéger nos infrastructures sous-marines comme les câbles de communication et de transport d’énergie (électricité, gaz, pétrole) ;
- Protéger nos ressources. L’immense territoire maritime français abrite une biodiversité et des ressources qu’il convient de connaître mais surtout de protéger ;
- Être prêt à agir et faire peser une menace crédible face à des modes d’actions divers, évolutifs et hybrides.
Les Opérations de maîtrise des fonds marins (OMFM) visent à intégrer ces nouveaux enjeux dans notre stratégie de défense. Cette doctrine s’articulera autour de trois fonctions « connaître », « surveiller » et « agir ».
La Marine nationale dispose déjà de capacités de guerre des mines et d’hydro-océanographie concourant à la maîtrise des fonds marins. Mais pour élargir ses capacités d’investigation et d’action jusqu’à 6 000 mètres de profondeur, la France va se doter de capacités militaires exploratoires grands fonds, constituées de drones sous-marins et de robots.
Inscrite pleinement dans l’ambition pour les grands fonds marins, portée par le plan d’investissement « France 2030 », cette stratégie du ministère des Armées permettra de soutenir le développement de l’innovation et l’émergence d’une filière nationale répondant à ses besoins dans les grandes profondeurs océaniques.