Sir John Hadley était un éminent mathématicien et inventeur anglais qui a beaucoup contribué au progrès de la navigation au XVIIIe siècle. Son invention la plus remarquable fut l’octant, précurseur du sextant moderne, qui révolutionna la navigation céleste.
C’est au début des années 1730, qu’il développa cet instrument qui permettait de mesurer, de jour comme de nuit, la hauteur des astres au-dessus de l’horizon. Son nom dérive du latin octans, car le design de cette innovation représente un huitième de cercle. L’octant permettait aux marins de naviguer avec une plus grande précision. Il présentait un arc de 45 degrés et était divisé en 90 parties chaque ½ degré (cf. illustration ci*dessous). La conception de Hadley, innovante par rapport aux instruments antérieurs (quadrant, quartier de Davis), incorporait des miroirs réfléchissants et un bras d’index mobile, rendant le calcul de la hauteur des astres plus précis et efficace. L’exactitude est alors de l’ordre de la minute d’angle.
Hadley a réalisé deux versions de l’octant. Seule la seconde est aujourd’hui connue car elle était devenue familière des navigateurs.
« Les octants étaient généralement de grandes dimensions (environ 50 centimètres de rayon). Le bâti (ou carcasse) était en ébène. Dans le limbe était encastrée une plaque en ivoire sur laquelle était gravée la graduation ; l’appareil était souvent dépourvu de vernier (ou nonius). L’alidade était en bois ou en cuivre. Les miroirs étaient métalliques (et se ternissaient rapidement à l’air salin) ou étaient étamés sur la face extérieure. L’observation de l’astre se faisait par une pinnule, plus rarement grâce à une lunette (1). »
L’octant de Hadley représentait une nette amélioration par rapport aux instruments de navigation antérieurs comme le quadrant. Cependant, il a ensuite été affiné et développé en sextant par d’autres inventeurs, dont John Bird et Thomas Godfrey. Le sextant conservait les principes de base de la conception de Hadley mais introduisait des améliorations supplémentaires, telles qu’un arc de mesure plus grand et une structure plus compacte.
Le sextant est devenu un outil indispensable pour les marins, leur permettant de naviguer en haute mer avec plus de confiance et de précision. En mesurant l’angle entre un corps céleste, généralement le soleil ou une étoile, et l’horizon, les marins pouvaient calculer leur latitude et déterminer leur position. Cela était particulièrement crucial lors des longs voyages en mer, lorsqu’une navigation précise était essentielle pour atteindre les destinations prévues avec plus de sécurité.
Les contributions de Sir John Hadley à la navigation, notamment à travers son invention de l’octant, ont jeté les bases des progrès de la navigation céleste qui ont persisté jusque dans les XIXe et XXe siècles. Son travail a considérablement influencé le développement des instruments de navigation ultérieurs, et les principes qu’il a introduits restent pertinents dans le monde maritime d’aujourd’hui.
L’hydrographe Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette (1707-1780) fut le premier navigateur français à utiliser l’octant. Grâce à cet instrument, il entreprit de corriger des cartes existantes et d’en créer de nouvelles.
L’héritage de Hadley perdure grâce à l’utilisation généralisée des sextants et à l’importance continue de la navigation céleste dans certains contextes maritimes car, malgré l’utilisation modernes des liaisons satellitaires, le sextant est toujours embarqué en cas de panne électrique, de défaillance radar/ECDIS(2) ou de cyberattaque.
Le sextant est toujours fabriqué en France par l’entreprise CPI, créée en 1997 à Saint Vincent du Boulay (27) et spécialisée dans la mécanique générale de précision. Le navigateur Loïc Perron avait commandé un sextant à cette entreprise pour la Route du Rhum en 2018.
NOTES :
- Source : Association Méridienne
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ECDIS (Electronic Charts Display Information System) : système d’affichage électronique de cartes de navigation intérieur et d’informations connexes.
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