Un consortium de 32 entreprises, parties prenantes du transport maritime (équipementiers, armateurs, chantiers), se fédère dans le cadre d’une étude de faisabilité sur la mise en place d’un projet structurant pour la filière de la propulsion vélique. Cette étude de faisabilité est pilotée par l’IRT Jules Verne avec l’association Wind Ship et s’inscrit dans le cadre du programme MEET2050 de décarbonation du secteur maritime.
Le transport maritime est la cheville ouvrière de l’économie mondialisée : il transporte 95% des marchandises sur 60 000grands navires et permet à des pays comme la France d’importer une part significative de son énergie et de ses matières premières. Or, la réglementation maritime internationale impose de diminuer de 70% les émissions de chaque navire d’ici 2050 par rapport à 2008. A l’initiative de l’Europe, les négociations sont déjà en cours pour rehausser cette ambition afin que le secteur atteigne le zéro émission à cette date.
Cependant, remplacer 300 millions de tonnes annuelles de carburant fossile par des sources d’énergie décarbonées nécessite d’opérer d’immenses changements dont le coût est extrêmement important et se répercutera nécessairement sur celui du transport. Les carburants de synthèse produits par exemple grâce à l’électricité verte des éoliennes en mer sont une des solutions envisagées, mais au prix de pertes énergétiques importantes. C’est pourquoi l’utilisation directe du vent, énergie renouvelable gratuite et illimitée pour propulser les navires offre une solution intéressante : elle permet non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre du navire, mais surtout de réduire son besoin énergétique, atout important en contexte de crise, et n’est accessible qu’au transport maritime. Enfin, la propulsion par le vent libère de la place en soute, facilitant ainsi l’adoption des carburants alternatifs et in fine l’accélération de la décarbonation du secteur maritime.
Or une filière française émergente se mobilise sur toute sa chaîne de valeur afin de livrer les technologies et les navires pour assurer des lignes maritimes décarbonées. Ainsi, un consortium de 32 entreprises, parties prenantes du transport maritime (équipementiers, armateurs, chantiers…), se fédère dans le cadre d’une étude de faisabilité sur la mise en place d’un projet structurant pour la filière de la propulsion des navires par le vent. Cette étude de faisabilité est pilotée par l’IRT Jules Verne avec l’association Wind Ship qui travaille sur l’animation de la filière émergente et la mobilisation des membres du consortium.
« Nous profitons de cette date du 28 mars, lancement officiel de l’étude, pour rassembler l’ensemble des membres du consortium et définir les premiers jalons. Nous allons préciser le recensement des besoins et objectifs à l’échelle de chaque partenaire et de la filière. Ceci permettra de disposer de l’état des lieux actualisé en matière de technologies, du marché et de ses perspectives ainsi que de la réglementation et de ses évolutions, » explique Stéphane Cassereau, Directeur général, IRT Jules Verne. « En parallèle, des séminaires techniques orientés sur les différents axes du projet (R&D, démonstrateurs à l’échelle 1 et premières commandes) permettront de construire le contenu du projet sur chaque axe avec une cohérence d’ensemble. »
« La réussite d’un tel projet de filière tient au cadre de confiance dans lequel il se déroule et à la continuité de la structuration que nous avons commencé à dessiner au sein de notre association. Aussi, en parallèle du travail collectif sur le contenu du projet, différentes modalités de gouvernances seront étudiées avec les partenaires pour déterminer la gouvernance la plus adaptée afin d’atteindre les objectifs. Un travail spécifique sera notamment réalisé sur la gestion de la propriété intellectuelle et des données issues du projet structurant », complète Lise Detrimont, Déléguée Générale, Association Wind Ship.
Ce projet structurant vise 3 objectifs principaux :
Développement économique de la filière industrielle française de la propulsion vélique sur le territoire en positionnant les acteurs français en leaders internationaux (30% à 40% du marché mondial).
Réduction des besoins énergétiques du transport maritime de 5 à 20% via l’installation de propulsion par le vent sur des navires existants et jusqu’à 90% pour les nouveaux navires conçus avec une propulsion principale par le vent.
Réduction des émissions des navires en maintenant les capacités mondiales de transport pour atteindre les objectifs fixés par l’Organisation Maritime Internationale (OMI) et la Commission Européenne.
Une collaboration étroite avec les ministères sera mise en place par le biais d’un comité de suivi, et des réunions régulières avec le CORIMER (Conseil d’Orientation pour la Recherche et l’Innovation des Industriels de la Mer) qui vise à faciliter le financement des projets innovants maritimes.
Liste des 35 membres du consortium de l’étude de faisabilité propulsion vélique
ACCWING, Aeroforce, Airseas, Alwena Shipping, AYRO, Beyond The Sea, Bright Marine Future Solution, Bureau Veritas et Bureau Veritas Solution, Chantiers de l’Atlantique, CMA CGM, CRAIN technologies, CT Mer Forte, CWS, D-ICE Engineering, Eco Trans Océan, FARWIND, LDA, LMG Marin, Mauric, MaxSea, Neoline, Piriou, Ponant, REEL, SDI, SYROCO, TotalEnergies, VELA, VPLP, WindCoop, WISAMO, Zéphyr & Borée
Nantes Université, l’Ecole Centrale de Nantes et le Pôle Mer Bretagne Atlantique
Jean Zanuttini, Président de NEOLINE, précise : « La propulsion par le vent des navires de commerce constitue sans doute l’une des solutions les plus prometteuses pour réduire l’impact du transport maritime sur l’environnement. Les cas d’usage et les technologies sont nombreux, à l’image de la diversité du maritime. Ainsi, les sociétés qui composent cette jeune filière vont de l’installation d’équipements en rétrofit pour réduire la consommation de navires existants à la mise au point de véritables voiliers de commerce modernes, capables de viser le 0 émission.
Outre l’usage du vent, le point commun entre nous est le besoin de reprendre un développement qui s’était interrompu il y a près d’un siècle, et de pouvoir tester et fiabiliser des solutions qui représentent des investissements considérables.
C’est l’objet du projet structurant vélique, qui posera des fondations permettant à tous les projets français de gagner en ampleur, en crédibilité et de trouver leurs marchés respectifs, en France, en Europe et à l’international.
Ceci afin de réinventer des usages du vent qui puissent répondre à un maximum de besoins du secteur, et, en se généralisant, de jouer un rôle central dans la décarbonation du transport maritime. »
Source : Institut de recherche technologique Jules Verne.
Crédit photo d’illustration : IRT Jules Verne.