Selon plusieurs organisations de défense de l’environnement, la solution pour exploiter les métaux critiques nécessaires à la transition écologique n’est pas la destruction des grands, fonds mais l’économie circulaire et la sobriété. Elles appellent à adopter une position ferme contre l’exploitation minière des grands fonds, à travers le communiqué suivant :
Le 28 septembre, à Paris, l’Agence internationale de l’énergie accueille le tout premier sommet international sur les minéraux critiques. À cette occasion, Greenpeace France, SOA et EJF, organisations membre de la Deep Sea Conservation Coalition, appellent les gouvernements participant au sommet à adopter une position ferme contre l’extraction minière en eaux profondes et, plus généralement, contre toute exploitation de minéraux en eaux profondes. Ces minéraux ne sont pas nécessaires à la transition énergétique et leur extraction, selon les données scientifiques actuelles, pourrait être dévastatrice pour l’ Océan.
L’exploitation minière des grands fonds marins est parfois présentée, à tort, comme une source cruciale de matières premières pour la transition énergétique. Les matériaux qui proviennent des fonds marins ne sont pas essentiels à la transition vers des sources d’énergie plus propres. Au contraire, les efforts consacrés à cette transition devraient donner la priorité au recyclage, à la recherche scientifique et au passage vers une économie circulaire. Les taux de recyclage actuels sont trop faibles : 1 % pour le lithium, 53 % pour le manganèse et 57 % pour le nickel. Ces taux pourraient être considérablement améliorés : le lithium devrait atteindre les 80 %, le manganèse et le nickel les 90-95 %. L’industrie cherche activement des alternatives.
Différentes études affirment que le passage à un approvisionnement en énergie 100 % renouvelable est réalisable sans l’exploitation minière en eaux profondes, même avec une forte croissance de la demande. La ruée des compagnies minières et de certains gouvernements pour extraire les minéraux des grands fonds marins risque de causer des dommages irréversibles à des écosystèmes déjà fragiles, ce qui constitue une menace sérieuse pour l’océan, risquant de perturber les cycles du carbone, la faune et la flore sauvages non découvertes, la justice sociale et la sécurité alimentaire mondiale.
Steve Trent, Directeur et fondateur de l’Environmental Justice Foundation, a déclaré : « Nous n’avons pas besoin de l’exploitation minière en eaux profondes pour les minéraux essentiels. Nous ne pouvons rester sans bouger face à la destruction irréversible que cela causerait sur nos écosystèmes océaniques. Cette exploitation n’enrichirait qu’une poignée de personnes et laisserait le reste d’entre nous en subir les conséquences. Je salue le leadership de la France en matière de protection des grands fonds marins, j’appelle maintenant le gouvernement français à aller plus loin, en créant une vague de soutien international à notre planète bleue et en imposant une exclusion définitive de ces minerais des chaînes d’approvisionnement de l’Union européenne. »
Anne-Sophie Roux de Sustainable Ocean Alliance rappelle que « jusqu’à présent, la France est l’un des leaders dans la lutte contre l’exploitation minière en eaux profondes, le président Macron ayant personnellement plaidé en faveur d’une interdiction. Les députés français ont voté à la majorité absolue une résolution appelant le gouvernement à défendre un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. Le Secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, a appelé à l’arrêt de toute exploitation minière lors des dernières réunions de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) ». Cependant, il reste encore beaucoup à faire et le risque que l’exploitation minière en eaux profondes voit le jour est toujours présent, affirment Greenpeace France, Sustainable Ocean Alliance et Environmental Justice Foundation.
François Chartier de Greenpeace France demande à la France « de veiller à ce que l’exploitation minière en eaux profondes soit exclue du champ d’application de la loi sur les matières premières critiques et [à l’Agence internationale de l’énergie] de se prononcer contre l’exploitation minière en eaux profondes ». La perspective imminente d’une exploitation minière en eaux profondes, non seulement dans les eaux internationales mais aussi en Norvège, suscite de vives inquiétudes quant aux risques potentiels qu’elle présente. Le cadre réglementaire est encore en évolution, ce qui laisse place à des ambiguïtés juridiques et éthiques potentielles qui pourraient être dévastatrices pour nos océans.
Greenpeace France, Sustainable Ocean Alliance et Environmental Justice Foundation appellent :
- Le gouvernement français, ainsi que les autres États membres de l’UE, à exclure définitivement les minerais des grands fonds marins des chaînes d’approvisionnement de l’UE en veillant à ce que ces minerais soient exclus du futur règlement sur les matières premières critiques.
- Tous les gouvernements représentés au sommet de l’AIE à adopter une position ferme contre l’extraction minière en eaux profondes, et toute exploitation de minéraux en eaux profondes, et de donner la priorité au recyclage, à l’investissement dans la recherche et le développement et à une transition vers une économie circulaire.
- Les gouvernements à participer aux négociations de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA) et plaider en faveur d’une pause ou d’un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.
« L’océan joue un rôle vital dans la lutte contre le changement climatique, sa protection devrait être notre priorité. Si l’exploitation minière en eaux profondes était autorisée, elle reproduirait le modèle dévastateur de l’industrie des combustibles fossiles et laisserait les personnes vulnérables et les générations futures en supporter les conséquences », conclut Sian Owen, Directrice de la Deep Sea Conservation Coalition. Le moment est venu d’agir.
Source : Greenpeace France, Sustainable Ocean Alliance et Environmental Justice Foundation.
Crédits photo : Alexander Semenov/DR.