Par Bertrand de Lesquen
Quelle part la mer et la marine israélienne occupent-elles dans la guerre qui oppose l’Etat hebreu au Hamas ?
La marine israélienne (1) assure une mission traditionnelle de sécurité des approches maritimes : sécurité contre toute attaque pouvant venir de la mer, sécurité des approvisionnements du pays dont 90 % arrivent par la mer.
Elle assure depuis 2007 le blocus de la bande de Gaza pour y interdire toute entrée de matériels militaires.
Elle assure la sécurité de la zone économique exclusive d’Israël et particulièrement de ses sites gaziers offshore, stratégiques pour le pays.
Elle assure enfin une partie de la dissuasion nucléaire nationale et donc de la protection de l’existence même du pays, avec ses missiles de croisière à ogive nucléaire vraisemblablement embarqués à bord de ses sous-marins.
Longtemps parent pauvre des budgets militaires, elle reste toutefois une « petite » composante de la défense d’Israël si on la compare aux armées de terre et de l’air.
Forte de moins de 10 000 hommes, elle dispose (The Military Balance 2021) de 5 corvettes lance-missiles, 5 sous-marins d’attaque, 8 patrouilleurs lance-missiles, 34 patrouilleurs légers et 3 barges d’assaut.
Elle dispose également de commandos d’élite avec le célèbre Shayetet 13 qui, deux jours après l’attaque terroriste du 7 octobre, annonçait la capture du commandant adjoint de la division sud de la force navale du Hamas.
La marine israélienne va clairement assurer sa part dans l’assaut qui va être mené sur Gaza à travers des bombardements et des opérations commandos, ces dernières ayant sans nul doute déjà commencé avec des incursions de Shayetet 13 pour des repérages à fin d’action, la capture de responsables du Hamas et bien sûr, la recherche des otages.
Le Hamas, de son côté, a cherché à développer, ces dernières années, une « force navale » dans l’idée d’ajouter une nouvelle dimension à ses actions armées contre Israël. Il se serait ainsi doté, ou aurait cherché à se doter, d’embarcations pour des opérations amphibies mais également de drones sous-marins et de drones de surface destinés à frapper les navires de la marine israélienne mais également les infrastructures gazières offshore israéliennes. En 2021, l’armée israélienne annonçait, de fait, avoir saisi des drones sous-marins du Hamas remplis d’explosifs. La mer a bien été une composante de l’attaque terroriste de l’organisation islamiste le 7 octobre avec la mise en œuvre de plusieurs embarcations détruites par la marine israélienne.
La mer est une dimension importante du conflit. Les États-Unis, qui ont affirmé leur total soutien à Israël, n’ont, en effet, pas hésité à déployer en Méditerranée orientale deux de leurs groupes aéronavals incluant leur plus grand, plus puissant et plus récent porte-avions, le Gérald Ford, pour clairement dissuader toute velléité d’extension de cette guerre.
(1) Sur la marine israélienne, lire cette étude du FMES : https://fmes-france.org/la-marine-israelienne-lemergence-dune-puissance-navale-en-mediterranee/
Bertrand de Lesquen
Crédit photo : Unsplash.