C’est la première fois qu’un navire italien ayant secouru des migrants au sud de l’île italienne de Lampedusa doit remonter autant au nord pour les débarquer.
Il s’agit d’une décision du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), qui se montre régulièrement irrité par la ministre de la Défense, Elisabetta Trenta, issue du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et moins intransigeante que lui en matière migratoire.
Sur sa route, le patrouilleur Cigala Fulgosi doit embarquer du personnel médical et du matériel pour assurer des conditions d’accueil décentes aux 100 migrants à son bord, parmi lesquels 17 femmes et 23 mineurs, a annoncé la marine.
Ils ont été secourus jeudi matin après au moins deux jours en mer sur un canot pneumatique.
Ils sont attendus samedi midi à Gênes, mais « aucun étranger ne restera en Ligurie ou à la charge des contribuables italiens », a martelé M. Salvini vendredi.
Aucun des pays européens ou aucune des organisations religieuses qui ont par le passé pris en charge des migrants ayant débarqué en Italie ne s’est cependant fait entendre pour l’instant.
Début mai, 55 migrants secourus par le Cigala Fulgosi avaient pu débarquer rapidement en Sicile et avaient été discrètement pris en charge dans le système d’accueil italien.
Mais depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, M. Salvini a souvent bloqué des bateaux de secours, y compris des navires de guerre italiens.
Alors que la majorité des bâtiments de la marine qui ont patrouillé au large de la Libye ces dernières années se sont retirés et que les navires humanitaires font face à des blocages judiciaires et administratifs, le Cigala Fulgosi reste dans la zone dans le cadre de l’opération Mare Sicuro.
Il est chargé de la sécurité des plates-formes pétrolières et des pêcheurs au large de la Libye et doit assurer la protection à distance du navire de guerre italien qui reste en permanence au port de Tripoli depuis près de deux ans pour apporter un soutien logistique aux garde-côtes libyens.
Dans son communiqué, la marine a précisé qu’un autre bateau avait dû être mobilisé pour remplacer le Cigala Fulgosi au large de la Libye.