Gibraltar ne précise pas l’origine du pétrole, mais selon la publication spécialisée dans le transport maritime Lloyd’s List, ce pétrolier battant pavillon panaméen transporterait du brut iranien.
« Nous avons arrêté le navire et sa cargaison », a indiqué le chef du gouvernement de Gibraltar, Fabian Picardo, dans un communiqué.
« Nous avons des raisons de croire que le Grace 1 amenait sa cargaison de pétrole brut à la raffinerie de Banias en Syrie (…) propriété d’une entité sujette aux sanctions de l’Union européenne contre la Syrie » et agissait « en violation » de ces sanctions, a-t-il ajouté.
La police et les douanes du territoire britannique situé à l’extrême sud de l’Espagne, assistées d’un détachement de Royal Marines britanniques, ont arraisonné le pétrolier tôt jeudi à environ quatre kilomètres au sud du « Rocher ».
Cette arrestation a eu lieu alors que le pétrolier ralentissait dans une zone utilisée par les navires pour se faire ravitailler notamment en nourriture et considérée par Gibraltar comme faisant partie des eaux territoriales britanniques. Ce qui est contesté par l’Espagne qui revendique sa souveraineté sur le territoire et considère donc ces eaux comme espagnoles.
Dans un communiqué, le ministère britannique des Affaires étrangères a « salué cette action ferme des autorités de Gibraltar qui ont agi pour faire respecter le régime européen de sanctions à l’encontre de la Syrie ».
Fabian Picardo a indiqué avoir « écrit aux présidents de la Commission et du Conseil européens, pour leur communiquer les sanctions prises » par Gibraltar à l’encontre du navire.
Contactée par l’AFP, la Commission européenne s’est refusée à tout commentaire.
Les sanctions européennes à l’encontre du régime syrien, en vigueur depuis fin 2011 et prorogées en mai dernier jusqu’au 1er juin 2020, comprennent notamment un embargo pétrolier et un gel des avoirs détenus par la banque centrale syrienne dans l’UE.
Selon Lloyd’s List, qui se base sur les données de suivi des navires, le Grace 1 aurait effectué son chargement en Iran en avril avant de faire le tour du continent africain pour rentrer en Méditerranée.
Il serait le premier pétrolier chargé de brut iranien naviguant vers l’Europe depuis fin 2018, toujours d’après cette publication.
L’arrestation de ce pétrolier intervient quelques jours après l’annonce du dépassement par Téhéran de la limite imposée à ses réserves d’uranium faiblement enrichi, sur fond de tensions exacerbées entre l’Iran et Washington qui font craindre un embrasement dans la région du Golfe.