Des survivants de l’incident présumé du 22 février, survenu près d’un embarcadère du district de Kuraburi, dans la province de Phang Nga, ont affirmé à Human Rights Watch (HRW) que l’armée avait ouvert le feu sur une vingtaine de réfugiés qui plongeaient pour leur échapper. Deux d’entre auraient été tués.
« Le commandant de la marine thaïlandaise responsable de cette zone a rejeté ces informations », a indiqué à l’AFP Manasvi Srisodapol, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ajoutant qu’il n’y avait « aucune raison » de tirer sur des Rohingyas.
Des milliers de ces musulmans apatrides ont pris la mer ces derniers mois pour échapper aux violences communautaires qui ont fait plus de 180 morts et 115.000 déplacés en 2012 dans l’Etat Rakhine (ouest de la Birmanie).
Cette minorité est considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées de la planète. Ils sont 800.000 environ en Birmanie mais des centaines de milliers vivent en exil, dont 300.000 au Bangladesh, avec une hausse brutale du nombre de départs suite aux violences de l’an passé.
Le porte-parole du ministère de la Défense, le colonel Thanathip Sawangsang, a assuré qu’il traitait les Rohingyas « selon les principes humanitaires », fournissant eau et nourriture avant de leur permettre de poursuivre leur route vers la Malaisie.
Le royaume a promis que les réfugiés sur son territoire seraient autorisés à rester six mois, le temps de leur trouver une solution dans un pays tiers, mais il a également indiqué qu’il n’en accepterait pas de nouveaux.
Il fait par ailleurs l’objet de multiples accusations sur sa façon de gérer le dossier. Une enquête a ainsi été ouverte sur le rôle d’officiers militaires dans un trafic de réfugiés, cibles de trafiquants qui réclament d’importantes sommes d’argent pour leur faire passer la frontière.
Ceux qui ne peuvent payer sont soumis à du travail forcé, selon des sources des services de renseignement thaïlandais.
Mercredi, HRW affirme que les réfugiés qui ont sauté dans l’eau, le 22 février, craignaient l’arrestation. « Ils devraient obtenir une protection, pas se faire tirer dessus », a dénoncé Brad Adams, directeur Asie de l’organisation, réclamant une enquête approfondie.