Des moyens nautiques de recherche en mer ont été déployés, en plus des bâtiments prépositionnés lors du tir, a-t-on appris auprès de la préfecture maritime de Brest. Il s’agit notamment de matériels de type chasse aux mines, robots sous-marins, pour repérer les débris qui gisent par une centaine de mètres de fond.
Le tir technique du M51 – comme toujours sans têtes nucléaires – devait permettre de valider la capacité du sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE) « Le Vigilant » à le mettre en oeuvre. Le sous-marin avait été immobilisé pendant plusieurs mois pour une IPER (Indisponibilité périodique pour entretien et réparation), visant justement à adapter le bâtiment au M51.
Aucune explication technique de l’échec du tir n’était encore disponible lundi, selon la Défense. Et Astrium, la division espace du groupe EADS, qui produit le M51, s’est refusé à tout commentaire.
Selon des sources proches du dossier, les résultats de l’enquête qui réunit toutes les parties concernées (Direction générale de l’armement, industriels, Marine…) ne devraient pas être rendus publics, ce qui touche à la dissuasion nucléaire étant classé « secret défense ». Parallèlement aux recherches en mer, les enquêteurs doivent en particulier dépouiller les paramètres enregistrés lors du tir et de la destruction du missile, moins d’une minute après.
L’échec du tir survient moins d’une semaine après la publication du Livre blanc 2013 qui confirme la dissuasion nucléaire, dans ses deux composantes, maritime et aéroportée, comme l’un des piliers de la défense nationale. La destruction du missile, d’un coût de 120 millions d’euros, intervient également au moment où la Défense est soumise à de strictes contraintes budgétaires.
Selon les milieux de la défense, cet échec n’entame pas la crédibilité de la force de dissuasion nucléaire. Le M51 avait été tiré cinq fois auparavant avec succès, dont deux fois à partir d’un SNLE, Le Terrible, souligne-t-on. Selon la Défense, le missile est en effet « sorti normalement » dimanche du Vigilant, avant de s’autodétruire.
Durant la mise au point de la génération de missiles précédente, le M45, « il est arrivé que des tirs techniques n’aboutissent pas », rappelle-t-on dans les milieux de la défense, en soulignant que les autres pays dotés de l’arme nucléaire connaissent aussi ce type de contretemps.
L’enquête devra fournir des indications sur la suite des tirs de validation. Après celui de dimanche, le Vigilant a regagné comme prévu la base des SNLE de l’Ile longue, selon une source de la défense. La composante maritime de la dissuasion, considérée comme la plus fiable, repose sur un parc de quatre SNLE, pour permettre à la France d’avoir en permanence en mer un sous-marin équipé de missiles à charges nucléaires.
Le M51 doit également équiper les deux autres SNLE français, « Le Triomphant » et « Le Téméraire », chaque sous-marin pouvant embarquer 16 missiles.