Le Premier ministre a jugé « que les contrôles frontaliers supplémentaires introduits par les Espagnols (…) sont politiquement motivés, disproportionnés et donc contraire au droit de libre circulation dans l’Union européenne », a rapporté un porte-parole des services du Premier ministre britannique.
Regrettant l’échec des récents efforts diplomatiques, David Cameron a dit « envisager sérieusement d’engager des poursuites judiciaires et de rassembler les preuves du caractère sporadique de ces contrôles, ce qui prouvera qu’ils sont illégitimes ».
« Dans le même temps, nous pensons que la Commission européenne, en tant que gardienne des traités, doit enquêter sur la question », a poursuivi le porte-parole.
L’Union européenne a annoncé qu’elle allait envoyer des observateurs en septembre ou octobre mais le Premier ministre attend une intervention plus rapide.
« Le Premier ministre a appelé le président Barroso à envoyer d’urgence une équipe d’observateurs de l’UE à la frontière entre Gibraltar et l’Espagne », rapporte le porte-parole.
Selon lui, « le président Barroso a répondu que la Commission européenne suivait de près la situation et qu’après une évaluation juridique approfondie, ils n’hésiteraient pas à prendre les mesures nécessaires pour faire respecter le droit de l’UE ».
Selon un communiqué rendu public à Bruxelles, « le président Barroso a expliqué que la Commission suivait la situation d’une manière permanente et ferait ce qui relève de sa compétence pour assurer le respect des règles de l’UE ».
M. Barroso espère aussi que ce problème « sera réglé entre les deux pays concernés d’une manière qui soit conforme à leur appartenance commune à l’UE », indique le communiqué.
Cédé en 1713 à la Grande-Bretagne, Gibraltar, un territoire de 7 kilomètres carrés peuplé de 30.000 habitants, situé dans le sud de la péninsule ibérique, est au centre de tensions récurrentes entre Londres et Madrid, qui en revendique la souveraineté.
L’Espagne affirme ne pas avoir historiquement cédé les eaux de Gibraltar, ce qui entraîne régulièrement des différends liés aux droits de pêche.
Fin juillet, les autorités de Gibraltar ont coulé au large des côtes du rocher des blocs de béton formant un récif artificiel supposé servir de refuge à des espèces sous-marines. L’Espagne affirme qu’il s’agit d’une entrave au travail de ses pêcheurs.
De longues files d’attente se sont alors formées à la frontière entre l’Espagne et Gibraltar, qui a immédiatement accusé Madrid d’avoir multiplié les contrôles par mesure de représailles.
Le gouvernement espagnol a réaffirmé lundi qu’il « ne renoncerait pas » à ces contrôles, affirmant qu’ils sont obligatoires puisque Gibraltar, comme le Royaume-Uni, n’est pas membre de l’espace Schengen, et nécessaires pour lutter contre la contrebande, de tabac notamment.
Lundi prochain, un navire de guerre britannique, la frégate HMS Westminster, doit faire escale à Gibraltar, dans le cadre d’exercices militaires prévus de longue date.