La directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce Ngozi Okonjo-Iweala avait fait part en début de semaine de sa réticence à ce que les ministres fassent du marchandage entre les différents sujets de négociation, mais des réunions étaient prévues dans la journée pour faire sortir les discussions de l’impasse.
Comme les jours précédents, les discussions vont se prolonger tard dans la nuit au siège de l’OMC, qui borde le lac Léman.
« Il n’est cependant pas encore évident qu’un accord puisse être trouvé », a indiqué une source diplomatique à des journalistes, accusant l’Inde de multiplier les objections aux textes pour « détruire » les négociations.
L’Inde a fait part de son opposition au projet d’accord visant à interdire les subventions contribuant à la surpêche et à la surcapacité ou les prélèvements illégaux, hostile à toute mesure contraignante avant 25 ans. Le pays a aussi des réticences sur le projet de texte visant à interdire les restrictions à l’exportation concernant les achats du Programme alimentaire mondial.
Le ministre suisse du Commerce Guy Parmelin a également fait part mercredi de son « scepticisme » face à la possibilité que des accords puissent être trouvés, sans toutefois les exclure.
Selon le ministre français du Commerce extérieur Franck Riester, les questions de santé et commerce, l’un des principaux sujets sur la table, évoluent « dans le bon sens ».
Deux textes sont discutés, l’un sur la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid et l’autre sur la facilitation du commerce des biens médicaux nécessaires à la lutte contre les pandémies.
« Manifestement, cela semble aujourd’hui peu probable que l’on ait des accords sur tous les sujets aussi ambitieux que nous l’espérions, mais on ne renonce pas à voir des résultats définitifs sur ce qui semble bien engagé, et peut être des bonnes surprises sur d’autres », a relevé M. Riester.
– Des pays cachent leur jeu –
La dernière ministérielle de l’OMC fin 2017 à Buenos Aires est considérée par beaucoup comme un échec, faute d’accord majeur conclu. Depuis son arrivée en mars 2021 à la tête de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala n’a pas ménagé ses efforts pour redonner un rôle à l’organisation et ne pas la laisser dépérir.
« Des progrès ont été accomplis, mais ils nécessitent un peu plus de travail et de temps », a-t-elle déclaré selon un communiqué publié dans la nuit de mardi.
« La moins bonne nouvelle est que nous manquons de temps, donc je pense qu’il est vraiment temps pour les ministres de prendre les décisions qui doivent être prises », a-t-elle souligné.
Elle souhaite que les ministres trouvent un accord sur au moins « un ou deux sujets », sans préciser lesquels.
Les négociations sur la pêche – lancées il y a plus de 20 ans – visent à interdire certaines formes de subventions encourageant la surpêche ou les prélèvements illégaux.
Des progrès ont été faits ces derniers mois. Mais l’Inde réclame une période d’exemption de 25 ans sur l’interdiction des subventions contribuant à la surcapacité et à la surpêche, alors que le projet d’accord vise 2030.
Elle a fait de cette question une véritable ligne rouge.
L’intransigeance indienne, soulignée par de nombreux diplomates, pourrait faire capoter plusieurs dossiers. Même si certains estiment que d’autres pays ont des vues similaires à l’Inde sans le dire aussi haut et fort.
Un sentiment partagé par la Suisse de la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid : « De très nombreux pays cachent leur jeu. Cela fait partie des négociations et de la tactique », a lancé le ministre suisse du Commerce.
La Suisse et le Royaume-Uni sont les pays qui ont soulevé le plus de réticences face à ce texte, notamment sur la possibilité d’étendre l’accord aux tests et aux traitements six mois après son adoption.