Le navire avait coulé en mer Baltique en 1994, faisant 852 morts, dans un des pires naufrages du XXe siècle.
Un an plus tard, la Suède, l’Estonie et la Finlande avaient signé un accord pour faire de l’épave un sanctuaire inviolable, en raison des nombreux corps encore présents.
« Protéger le repos des morts est plus important que de protéger la liberté d’expression et d’information », a jugé le tribunal de Göteborg, soulignant que l’épave était un cimetière marin pour « un grand nombre de personnes ».
La cour a cependant estimé que le motif d’information du réalisateur Henrik Evertsson et du spécialiste sous-marin Linus Andersson était une circonstance atténuante.
Pour avoir participé au tournage des images par un robot sous-marin, le juge Göran Lundahl les a condamnés à un amende proportionnelle à leurs revenus.
Tourné en 2019 et diffusé en 2020, le documentaire « Estonia, la découverte qui change tout », avait révélé un trou dans la coque jusque-là inconnu, poussant les autorités suédoises à changer la loi pour approuver de nouvelles plongées télécommandées.
Lors d’un premier procès en février 2021, le tribunal de Göteborg avait estimé que le documentaire avait enfreint la loi dite « Estonia », interdisant l’exploration de l’épave où se trouve encore de nombreux corps.
Mais les deux documentaristes avaient été relaxés car ils se trouvaient sur un navire sous pavillon allemand, l’Allemagne n’étant pas signataire de l’accord du cimetière marin.
Saisie par le parquet, une cour d’appel avait estimé que les deux documentaristes allaient devoir être rejugés.
Selon elle, « la loi Estonia » s’appliquait tout de même car les deux documentaristes étant de nationalité suédoise.
La plupart des victimes du naufrage du car-ferry estonien, survenu de nuit le 28 septembre 1994, étaient des Suédois et des Estoniens.
Une commission d’enquête internationale avait conclu en 1997 à une déficience du système de verrouillage de la porte escamotable de proue du ferry, ce qui avait permis à l’eau de s’engouffrer sur le pont réservé aux voitures.
Mais la découverte du documentaire avait relancé les spéculations sur les causes du naufrage.
Des survivants et des proches des victimes se battent depuis plus de deux décennies pour une enquête plus approfondie.
Les conclusions finales des plongées officielles menées à l’été 2021 n’ont pas encore été rendues publiques.