« C’est une aberration », dénonce Nathan Kaufmann, un marin de 27 ans qui a fait le déplacement depuis le Finistère-Sud. « Moi j’ai un quota de 100 kilos de maquereaux par semaine: le chalutier peut pêcher 400 tonnes en un jour, il me faudrait 70 ans pour faire pareil. »
Battant pavillon polonais et propriété d’un armateur néerlandais, l’Annelies Ilena, long de 145 mètres pour 24 mètres de large, doit remplacer le Joseph Roty II, construit en 1974 et qui restera désormais à quai.
La Compagnie des Pêches Saint-Malo avait annoncé dans un communiqué début février avoir financé à hauteur de 15 millions d’euros l’installation d’une unité de production de surimi à bord de l’Annelies Ilena.
Trop grand pour entrer dans le port de Saint-Malo, le navire-usine devra débarquer aux Pays-Bas. Le surimi produit à bord rejoindra par la route l’unité de transformation située dans la cité bretonne.
« Ce bateau-usine, il va prélever du poisson pour en faire du pâté (…) il va le débarquer aux Pays-Bas puis tout ramener en camion » à Saint-Malo, dénonce un autre pêcheur, Simon, qui préfère rester anonyme pour « ne pas être identifié par les patrons » du chalutier « monstrueux ».
Présents derrière la banderole noire « Désarmons la pêche industrielle » déroulée par l’association de défense de l’environnement Bloom, plusieurs députés ont apporté leur soutien aux manifestants.
Parmi eux, Matthias Tavel, député LFI de la 8e circonscription de Loire-Atlantique, décrit l’Annelies Ilena comme « un bulldozer des mers (…) une folie du point de vue écologique ».
L’eurodéputée écologiste Marie Toussaint salue « la convergence des luttes » contre l’Annelies Ilena, aux filets « capables d’engloutir deux Tour Eiffel, beaucoup plus destructeurs que (ceux d’) une pêche artisanale ».
L’Annelies llena « risque de prendre les quotas de pêche de plus petits chalutiers, au détriment des pêcheurs locaux », a dénoncé l’association de défense de l’environnement Bloom, qui a appelé à manifester aux côtés des associations de marins-pêcheurs comme Mor Glaz, mais aussi Pleine Mer et la CGT des Marins du Grand-Ouest.
Le long du quai, députés, pêcheurs et militants ont ensuite formé une chaîne humaine symbolisant l’immensité des filets de pêche du chalutier.