« Artificialisation continue et mal maîtrisée », « recul des espaces naturels et de la biodiversité » ou « exposition accrue des populations et des biens aux risques littoraux », notamment à l’érosion côtière: les conséquences sur le littoral méditerranéen de la concentration de la population régionale sur une bande côtière large de 25 km, qui polarise en outre l’activité économique – en particulier touristique -, sont nombreuses, rappelle la chambre dans son rapport, rendu public mardi.
Mais confrontée à ces « risques et enjeux littoraux bien identifiés », la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), compétente en matière d’aménagement du territoire, se trouve dans une position « ambivalente car dépourvue de lignes directrices claires », selon le rapport.
La collectivité, qui a pourtant mis en oeuvre deux « plans climat », se trouve en effet tiraillée « entre des ambitions économiques et écologiques souvent concurrentes » voire « antagonistes » : d’un côté la volonté de « définir une +écologie positive et pragmatique+ qui permet un développement raisonné du territoire » et de l’autre le souhait de promouvoir « le développement de l’économie maritime et touristique ».
En outre, « la multiplication des instances de gouvernance, plans, stratégies et dispositifs contractuels, sans hiérarchisation des objectifs, rend peu lisible l’action régionale, laquelle souffre d’un déficit d’évaluation empêchant d’en mesurer les effets », ajoute le rapport.
« Les moyens affectés à l’anticipation et à la gestion des risques côtiers restent marginaux dans le budget de la collectivité, ils sont par ailleurs limités par la faiblesse des initiatives locales », poursuit le document.
Dans le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) adopté en 2019, « l’enjeu de l’adaptation (au changement climatique) est essentiellement traité au travers de dispositifs incitatifs fondés sur la bonne volonté des collectivités » mais sans « mesures prescriptives », relève la chambre.
Et « la prédominance de l’approche économique des sujets littoraux » conduit à des mesures « encore trop timides » et à des solutions « à caractère essentiellement palliatif » là où un véritable « changement de paradigme » serait nécessaire.
« La Région veille à trouver, sans jamais les opposer, un juste équilibre entre préservation de l’environnement et développement des activités économiques et des emplois », se défend le président de la région Paca, Renaud Muselier, dans sa réponse aux observations de la chambre.
« Développement de l’hydrogène et de la production photovoltaïque, investissements sur le projet ITER ou l’éolien off-shore… de nombreux projets structurants contribueront à concilier ce double objectif », promet-il, tout en rappelant qu’en 2022 sa collectivité a consacré près de 15 millions d’euros à la prévention et à la gestion des risques naturels.