Plainte de la Marine contre un artiste pour « dégradation d’épaves »

Convoqué devant le tribunal d’instance de Brest pour une audience à huis clos, le plasticien de rue s’est vu signifier lundi un rappel à la loi, a-t-on appris auprès de l’artiste qui a coutume de coller ses personnages géants sur les murs de villes du monde entier.

« Si je persévère dans mes actes je ferai l’objet d’une poursuite en correctionnelle », a expliqué l’artiste à l’AFP au terme de l’audience, disant vouloir poursuivre son travail artistique mais « avec le concours de la Marine nationale ».

C’est contre l’avis de la Marine et du ministère de la Défense que l’artiste âgé de 53 ans avait peint à l’été 2014 d’imposants personnages qu’il avait ensuite collés sur six épaves amarrés dans ce cimetière marin qui accueille depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale les dernières escales des navires militaires.

Brûlées par le soleil, déchirées par le vent et délavées par la pluie, ses oeuvres, réalisées sur du papier journal, disparaissent généralement au bout de trois mois.

L’association de protection de l’environnement marin Mor Glaz s’est indignée dans un communiqué de la convocation de l’artiste devant la justice, notamment après les manifestations des derniers jours « pour défendre la République, la démocratie, la liberté d’expression et le vivre ensemble ».

« A Brest, tous ces beaux slogans viennent d’en prendre un coup… », dénonce-t-elle, s’interrogeant sur le fondement de la plainte, alors que les épaves du cimetière marin « polluent depuis des décennies la zone Natura 2000 de Landévennec ».

Les affiches ou dessins éphémères de Paul Bloas « ne polluent pas, mais rappellent des épisodes de la vie ouvrière, de la vie sur les ports, de la vie des travailleurs manuels dans divers métiers », rappelle l’association.

Actuellement, le cimetière de Landévennec abrite une quinzaine d’épaves dont l’ancien croiseur Colbert, selon la préfecture maritime de l’Atlantique, qui a indiqué lundi à l’AFP que le travail de l’artiste sur ces épaves posait des « problèmes de sécurité ».

Avant 2005, les bateaux militaires étaient coulés au large, parfois après avoir servi de cibles d’exercices. Depuis, cette pratique est interdite et les navires sont déconstruits en France ou à l’étranger après le lancement d’appels d’offre.

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