Parmi les prévenus, qui encourent 10 ans d’emprisonnement pour avoir participé au « délit d’aide au séjour irrégulier en bande organisée », figurent trois des organisateurs présumés de ce réseau, un Français demeurant dans les Côtes-d’Armor, ainsi qu’un ressortissant albanais et un Kosovar, tous deux détenus.
L’enquête de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes avait permis de révéler l’existence d’un vaste réseau de passages de clandestins vers la Grande-Bretagne, par vedettes ou voiliers de location, au départ de ports normands et bretons.
Quelque 16 passages ont été recensés par les enquêteurs, entre janvier 2012 et janvier 2013, permettant à au moins 127 Albanais à rejoindre l’Angleterre.
Interrogés lundi, certains skippers, qui ont reconnu les faits, ont avoué à la barre qu’ils touchaient 1.000 euros par passager.
L’un des skippers a confié avoir interrogé un des passagers clandestins pour savoir combien lui coûtait le voyage. « Entre 6.000 et 8.000 euros », lui a-t-il été répondu, sans qu’on sache si cette somme correspondait au voyage depuis l’Albanie ou simplement à la traversée de la Manche.
Ces skippers ont désigné deux personnes, le breton Philippe Collin, et Bujar Curri, né au Kosovo mais demeurant dans les Côtes-d’Armor, comme les principaux animateurs en France de ce réseau. Ils accompagnaient notamment les clandestins au port d’embarquement.
Le premier, qui pendant l’enquête a nié toute contrepartie financière, comparaît libre sous contrôle judiciaire. Le second est en détention provisoire.
Un Albanais, Aleksander Ruspi, qui selon l’enquête a participé à l’organisation de certains passages, est lui aussi en détention provisoire.
Seuls treize hommes sont physiquement présents devant la cour. Trois autres sont représentés par leurs avocats. Deux autre prévenus, des ressortissants albanais, dont l’un a été désigné par un prévenu comme l’homme se chargeant de la venue des Albanais jusqu’en France, n’ont pas été interpellés. Des mandats d’arrêt ont été émis à leur encontre.
Une cinquième personne, une femme, a été soupçonnée par les enquêteurs de faire partie des organisateurs du réseau. Elle s’est suicidée en août 2013. Un skipper mis en cause dans cette affaire s’est lui aussi suicidé.