« On est en phase de rapprochement et d’apaisement. Aujourd’hui, il faut que nous puissions sortir de la logique d’affrontement qui génère toujours des problèmes aux Corses. C’est un dossier sensible, crucial pour l’île toute entière », a déclaré mercredi Patrick Rocca à quelques journalistes, après avoir livré aux représentants des salariés de l’ex-SNCM quelques éléments de ce rapprochement, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire à Marseille.
De son côté, le président du consortium Corsica Maritima, François Padrona, a qualifié ce projet d' »historique » dans un communiqué commun des deux compagnies. Un projet qui va permettre à la Corse de « reprendre en main son destin maritime avec une stratégie d’entreprise qui sera innovante et un impact positif et pérenne pour les salariés et le port de Marseille », souligne-t-il.
Le 5 janvier, jour du lancement de Maritima Ferries par Patrick Rocca, choisi fin novembre par le tribunal de commerce de Marseille pour reprendre la SNCM en redressement judiciaire depuis un an, les candidats malheureux à la reprise, le groupe Berrebi et Corsica Maritima, avaient lancé une compagnie concurrente, Corsica Linea.
Le cargo battant pavillon danois affrété par ces derniers avait été empêché d’accoster à Marseille durant plusieurs jours par les marins grévistes de l’ex-SNCM qui dénonçaient une « concurrence déloyale ».
-Pérenniser la compagnie-
Dans leur communiqué commun publié mercredi à Ajaccio qui scelle un accord de paix, les deux hommes d’affaires expliquent que leur rapprochement doit « répondre à deux enjeux majeurs »: « assurer la pérennité de la compagnie et des 900 emplois sauvés, dans un contexte de baisse des subventions publiques » mais aussi « répondre aux aspirations de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), qui a lancé la réflexion sur l’avenir des dessertes maritimes entre la Corse et le continent ».
La CTC a présenté lundi à Ajaccio un protocole d’accord sur la création d’ici à l’été d’une compagnie maritime insulaire. Deux compagnies, la Corsica Linea et la Méridionale, dont le siège est à Marseille, ont répondu favorablement à ce jour, de même que le Syndicat des travailleurs corses (STC) et la CFDT de Corse.
C’est dans ce contexte que Maritima Ferries et Corsica Linea affirment aujourd’hui que leur rapprochement est « dicté par le souci de l’intérêt général (…) dans le plein respect des engagements pris devant le tribunal de commerce de Marseille, qui devra le valider ».
« Dans le projet de reprise que nous avons porté devant le tribunal de commerce, 49% du capital est ouvert à des investisseurs extérieurs », a souligné M. Rocca au siège marseillais de sa compagnie.
A la sortie du CE, les syndicats de Maritima Ferries se montraient plutôt satisfaits des explications données par leur PDG. « C’est une ouverture du capital de MCM (Maritima Ferries) dont l’état d’esprit dénote de l’envie d’enterrer la hache de guerre. Nous devrions avoir des précisions lors d’un prochain CE la semaine prochaine, le 5 février, a affirmé Pierre Maupoint de Vandeul, le représentant CFE-CGC officiers.
« On est dans le cours normal de l’évolution du capital », a indiqué le délégué CGT Frédéric Alpozzo, expliquant que c’était un moyen de sécuriser l’entreprise.