Acidification, désoxygénation, réchauffement: un « trio mortel » pour les océans

Soumis à un cocktail indigeste de menaces incluant ce « trio mortel » mais aussi la surpêche ou la pollution liées aux activités humaines, les océans sont aujourd’hui sous l’influence d' »un ensemble inédit de facteurs de stress », estime le Programme international sur l’état des océans (IPSO), un consortium de scientifiques et d’experts, dans la revue Marine Pollution Bulletin.

« L’état des océans se dégrade bien plus rapidement que nous ne le pensions », constate dans un communiqué Alex Rogers, professeur au Somerville College d’Oxford (Grande-Bretagne) et directeur scientifique de l’IPSO.

Ce rapport, conduit avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), synthétise les résultats d’ateliers scientifiques menés en 2011 et 2012.

Pour expliquer la dégradation accélérée des océans, les scientifiques mettent en avant le « trio mortel » que constituent la combinaison de trois effets principaux du changement climatique: la hausse de la température des océans, l’acidification de l’eau en raison d’une absorption accrue de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique et la baisse de la teneur en oxygène dans certaines régions marines.

« Le rythme actuel de changement est sans précédent », écrivent les chercheurs.

« Les prévisions sur la teneur en oxygène des océans indiquent un déclin qui se situe entre 1 % et 7 % d’ici 2100 », ajoutent-ils au sujet de la désoxygénation. Deux phénomènes sont à l’oeuvre: une « tendance générale de diminution des niveaux d’oxygène dans les océans tropicaux et les zones du Pacifique Nord au cours des 50 dernières années » causée par le réchauffement et, d’autre part, une « incroyable augmentation de l’hypoxie côtière (faible quantité d’oxygène) » liée cette fois aux rejets agricoles et des eaux usées.

Ce cocktail néfaste, qui touche à la température, à la chimie, à la stratification des océans et l’apport en nutriments, « compromet gravement la productivité et l’efficacité des océans » car « de nombreux organismes se retrouveront dans des milieux impropres à leur existence », estiment les chercheurs.

La surpêche et la pollution, qui fragilisent les milieux contribuent à aggraver l’effet de ce « trio », précise l’IPSO, qui souligne que la combinaison des différents facteurs a un impact global supérieur à la simple addition des effets de chaque facteur individuellement.

Les chercheurs proposent donc, parmi plusieurs solutions, d’éliminer les subventions à la pêche industrielle et les engins de pêche les plus destructeurs ou encore une meilleure protection juridique de la haute mer.

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