L’un des intermédiaires, l’homme d’affaires taïwanais Andrew Wang, décédé en 2015, a été accusé d’avoir perçu des pots-de-vin liés à ce contrat de 2,8 milliards de dollars relatif à la vente à Taiwan de six frégates de classe Lafayette par des industries françaises.
Depuis 2001, Taïwan a sollicité l’assistance judiciaire de la Suisse dans cette affaire de corruption car une grande partie de l’argent perçu d’une manière illicite a été déposée sur des comptes bancaires suisses.
La Suisse a saisi quelque 900 millions de dollars et a transmis en 2005 à Taïwan des documents relatifs à ces comptes.
Les autorités suisses ont transféré à Taïwan 138,04 millions de dollars le 11 juillet, a indiqué le ministère dans un communiqué, saluant « une percée historique dans la coopération judiciaire ».
Selon le ministère, la Suisse a gelé plus de 20 comptes bancaires contrôlés par la famille Wang entre 2001 et 2003 et proposé de partager les avoirs saisis.
« Comme la Suisse a fourni son aide dans cette affaire depuis plus de 20 ans … , Taïwan a accepté de partager les avoirs avec la Suisse sur une base de 50 – 50 % pour faciliter la collaboration internationale à long terme », a indiqué le ministère.
Les soupçons de corruption ont emergé en 1993 lorsque le corps d’un officier qui s’occupait des achats de la marine taïwanaise a été découvert flottant en mer au large de la côte orientale de l’île.
Les enquêteurs ont émis l’hypothèse qu’il a été assassiné car il s’apprêtait à faire des révélations sur la corruption au sein de l’armée, y compris dans l’affaire des frégates.
Uen enquête judiciaire avait été ouverte en 2001 en France sur des allégations selon lesquelles la plus grande partie de la somme payée par Taïwan pour l’achat des frégates a été consacrée au versement de commissions à des intermédiaires locaux, des hommes politiques et des officiers en Chine et en France. Une partie des commissions servait à soudoyer d’autres protagonistes, selon les allégations.
Wang, ainsi que son épouse et ses quatre enfants, a été inculpé en 2006 de corruption et blanchiment d’argent dans cette affaire qui, à l’époque, avait envenimé les relations entre la France et la Chine.
Il a été placé sur la liste des personnes les plus recherchées à Taïwan après sa fuite, en compagnie de sa famille, peu avant l’éclatement du scandale en 1993.
Wang est décédé à Londres en 2015. Les membres de sa famille figurent toujours sur la liste des personnes recherchées à Taïwan.
La restitution de cet argent à Taïwan depuis l’étranger est la deuxième après celle en février de 11 millions de dollars par le Liechtenstein.