Selon ce document commandé par le gouvernement et auquel ont participé 12 experts indépendants, l’explication la plus probable, parmi celles étudiées, de la mort de ces milliers de crustacés dont essentiellement des crabes, pourrait être une maladie engendrée par la présence d’un pathogène encore inconnu dans les eaux britanniques.
« Une maladie expliquerait la durée » de la contamination, « son étendue géographique, et les spasmes » observés sur les crustacés, a détaillé lors d’un point-presse virtuel Tammy Horton, experte au Centre national d’océanographie ayant contribué au rapport.
Ces décès massifs de crustacés constatés à l’automne 2021, puis encore début 2022, ont suscité un vif émoi dans les villes portuaires du nord-est de l’Angleterre où ils ont été observés.
Un premier rapport lancé par le ministère de l’Environnement qui accusait une « percée naturelle d’une algue nocive », avait été mis en doute par les pêcheurs locaux.
Ces derniers avaient mandaté d’autres universitaires pour conduire une autre étude, qui avait elle estimé qu’une substance chimique toxique, la pyridine, était la cause la plus probable de la mort des crustacés.
La région du Teesside, où des décès ont été constatés, est historiquement connue pour ses industries, particulièrement pour ses usines chimiques.
« Ces deux idées différentes sur la cause de la mort des crabes ont suscité la polémique », ce qui a poussé le gouvernement a demandé un nouveau rapport, a expliqué lors du point-presse Gideon Henderson, conseiller scientifique du ministère de l’Environnement.
« Ce rapport ne conclut pas à l’existence d’un facteur qui pourrait être clairement responsable de la mortalité (observée)… mais il a pu montrer la probabilité de différentes causes de mortalité », a-t-il détaillé.
Après avoir revu les analyses et données utilisées dans les précédentes études et compilé des données supplémentaires, les experts jugent désormais « improbable » qu’une algue toxique soit à l’origine des décès et « très improbable » que la pyridine ou un autre polluant toxique, présent localement à Teesside ou libéré des sédiments sous-marins, explique la mort des crustacés.
« Evidemment, Teesside étant une région industrielle, il y a une sorte d’héritage laissé par l’industrie lourde. Beaucoup de ces sédiments contiennent des polluants organiques persistants (…) mais il n’y a aucun élément qui prouve que ces substances chimiques auraient été libérées dans des concentrations pouvant causer une grave toxicité », a insisté Crispin Halsall, chercheur en chimie organique de l’environnement à l’université de Lancaster.