La CIB a en revanche rejeté le projet de création d’un sanctuaire en Atlantique sud, cher aux latino-américains, et, conformément au moratoire de 1986 sur la chasse commerciale, a rejeté la demande réitérée depuis 20 ans de l’archipel nippon de pouvoir pêcher près de ses côtes.
Le texte portant sur la chasse scientifique reprend les principaux critères de la Cour internationale de justice (CIJ) qui, en mars dernier, a reconnu le Japon coupable de chasser en Antarctique à des fins commerciales sous couvert de recherche scientifique.
« La décision très importante de la CIJ porte sur la manière d’évaluer un programme scientifique », a expliqué à l’AFP Gerard Van Bohemen, le chef de la délégation néo-zélandaise, à l’origine du texte adopté jeudi.
Les critères retenus par la CIJ, et repris par la résolution, sont par exemple le lien entre la taille des échantillons et les objectifs poursuivis, l’étude de moyens non létaux pour atteindre ces objectifs, la pertinence des objectifs au regard de la préservation et de la gestion des cétacés.
Faute de consensus, toujours recherché par la CIB, le texte durcissant les critères de la chasse scientifique, a été soumis au vote: il y a eu 35 pour, 20 contre et 5 abstentions.
Les ONG, qui considèrent le jugement de la CIJ comme « un tournant », ont salué ce résultat. Une « victoire cruciale » et « un grand pas en avant pour consolider la promesse du jugement de la CIJ », a réagi Patrick Ramage, chargé des cétacés au Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw en anglais).
Pour Aimée Leslie du WWF, « c’est une décision marquante (…) qui, si elle est respectée, devrait stopper la chasse illégale aux baleines au nom de la science ».
Les résolutions adoptées par la Commission baleinière ne sont pas légalement contraignantes pour ses membres.
– Tokyo ne renonce pas –
Hideki Moronuki, commissaire adjoint japonais, a d’ailleurs souligné auprès de l’AFP que le texte adopté « n’interdit pas la chasse scientifique ».
Le positionnement de la CIB fait toutefois monter d’un cran la pression sur le Japon pour qu’il cesse de chasser en Antarctique, l’archipel ayant réaffirmé à Portoroz qu’il « respecterait la décision de la CIJ », une juridiction onusienne. Il a aussi confirmé qu’il renonçait pour la saison 2014-2015 à chasser dans l’océan austral.
Mais le Japon a aussi annoncé qu’il soumettrait « d’ici la fin de l’année » un nouveau programme scientifique pour 2015-2016.
Tokyo ne renonce donc pas à chasser les cétacés dans l’océan austral, où se trouve l’un des deux sanctuaires existants pour les baleines, ni à justifier ses campagnes par des besoins scientifiques.
En 2013, au nom de la recherche, les baleiniers japonnais ont harponné 417 baleines, en Antarctique et dans le Pacifique nord-ouest.
Hideki Moronuki estime que « les populations baleinières peuvent faire face à de la chasse durable », notamment « les petits rorquals de l’Antarctique ».
Il existe un moratoire pour la chasse à la baleine depuis 1986, la CIB prévoyant des exceptions pour la science et la chasse aborigène (Groenland, Sibérie, Alaska).
Beaucoup de chercheurs estiment qu’aujourd’hui la recherche sur les baleines ne requiert pas d’en tuer: des biopsies peuvent notamment être réalisées sur les nombreux animaux échoués.
« Dans les années qui ont suivi le moratoire de 1986, les besoins en nombre de baleines pour la recherche ont explosé », fait remarquer Vincent Ridoux, expert sur les cétacés et membre de la délégation française.
La Norvège et l’Islande, membres de la CBI, ont émis des réserves au moratoire et pratiquent la chasse commerciale. En 2013, la Norvège est le pays qui a le plus tué de baleines (594 spécimens).
La CIB a mis fin à ses travaux jeudi et la prochaine session de cet organe en charge de gérer les grands cétacés aura lieu en 2016.