« La perspective d’un +hard Brexit+ (retrait britannique de l’UE sans accord) est en train de semer un vent de panique que plusieurs échanges téléphoniques avec les principaux représentants de la filière ont confirmé », écrit le président du comité national des pêches (CNPMEM), Gérard Romiti, dans une lettre adressée au ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume.
« Compte tenu de l’incertitude et (de) l’indécision britannique entourant le processus d’adoption de l’accord de retrait de sortie du Royaume-Uni, les conséquences d’un scénario de +no deal+ s’annoncent catastrophiques si ce n’est dévastatrices pour l’activité tant de l’amont que de l’aval », poursuit M. Romiti.
« On est dans un scénario catastrophe où on s’achemine vers un +no-deal+, les Britanniques peuvent au 1er avril nous interdire l’accès à leur zone pour pêcher », explique-t-on au CNPMEM, où on souligne être tributaire en France, à 50% des eaux britanniques.
Les Britanniques pourraient vendre l’accès à leurs eaux via un système de licences. Mais ce scénario du moindre mal n’est pas certain et « en cas de fermeture des eaux britanniques, les professionnels français craignent en premier lieu des stratégies de report opportunistes et non concertées, principalement de report de flottilles européennes dans les eaux bordant la Manche ». En clair, que les pays restant dans l’Europe ne viennent pêcher dans les zones françaises de la Manche.
Autre sujet d’inquiétude pour les pêcheurs français, la possibilité de subventionner un arrêt temporaire des flottes d’un pays, via le Feamp (aides européennes), un dispositif qui pourrait concerner la France, mais que n’ont prévu ni la Belgique ni les Pays-Bas.
De fait, les flottilles de l’Hexagone seraient à quai et indemnisées pendant que les Hollandais viendraient pêcher et alimenteraient le marché français, craint-on au CNPMEM.
Enfin, « compte tenu de l’incertitude et des risques forts d’une sortie du Royaume-Uni », les marins souhaitent que les autorités mettent « un frein » aux différents processus d’attribution d’espaces maritimes aux autres usages de la mer, comme les éoliennes en mer ou les aires marines protégées.
« Les pêcheurs ne comprendraient effectivement pas de subir une double peine: ne plus pouvoir accéder aux eaux britanniques et ne plus pouvoir pêcher dans leurs zones traditionnelles de pêche », conclut M. Romiti.