Ce sampan « est une partie de notre histoire de réfugiés et le symbole universellement reconnu qui représente les boat people vietnamiens à la recherche de la liberté, quand il y a eu un million de personnes ensevelies dans les océans », a déclaré Chau Thuy, président du Vietnamese Heritage Museum, lors de la signature lundi de l’accord de dépôt avec le musée normand.
« Il représente aussi le courage et un exemple pour les générations futures », a ajouté le responsable de ce musée ouvert en 2016 à Garden Grove, près de Los Angeles.
Actuellement conservé dans un hangar au sein des collections inaliénables du musée du Havre, l’embarcation en teck de 6,60 mètres de long pour 2,25 mètres de large doit être transportée mi-décembre par conteneur pour être exposée aux États-Unis à partir de mi-janvier.
Il resterait moins d’une dizaine de ces embarcations légères dans le monde, selon le musée californien.
Présent lors de la signature de l’accord, un survivant de la traversée à bord de ce frêle bateau, Tai Phung, qui avait fui à 22 ans le régime communiste en embarquant de Ba Ria, dans le sud du Vietnam, le 2 septembre 1984 avec sept amis, dont trois femmes, de 19 à 26 ans et un enfant de douze ans, n’a pas pu retenir ses larmes.
Ils avaient dérivé pendant sept jours, « trempés par les vagues », s’est souvenu M. Phung. « Nous n’avions plus d’eau dès le deuxième jour et nous n’avons pu nous nourrir qu’une fois durant les sept jours », a-t-il témoigné.
En mer de Chine, le Cetra Corona de l’armement des Chargeurs réunis (devenu Delmas Vieljeux puis Bolloré et CMA CGM aujourd’hui), immatriculé au port du Havre, faisait alors route vers le Japon quand les hommes de quart avaient aperçu des signaux lumineux S.O.S., émis avec une lampe torche par Tai Phung.
Le minéralier s’était dérouté pour leur porter secours et l’équipage avait hissé à bord les rescapés et le sampan, avant de le donner, de retour au Havre, au Musée maritime et portuaire.
« Le sampan que nous avions avait une histoire et cette histoire n’est pas la nôtre, nous ne sommes qu’un maillon de celle-ci », a estimé Didier Raux, président du musée du Havre.