Le témoin était le mécanicien navigant du Cougar qui, le 17 janvier 2009, s’est abimé dans le golfe du Biafra après son décollage d’un bâtiment de la Marine nationale dans le cadre d’un exercice franco-gabonais. Huit hommes ont péri, deux ont survécu.
L’ancien militaire a d’emblée rappelé la « globalité » de la mission, qui consistait ce jour-là à décoller de Libreville, atterrir sur le bateau puis repartir avec six membres de forces spéciales afin de réaliser une « infiltration ».
Une fois arrivé sur le navire en fin de journée, l’équipage a été confronté à plusieurs problèmes techniques, mais l’appareil a été autorisé à décoller.
Les investigations sur l’accident ont exclu un cause mécanique, concluant à une erreur de pilotage, dans un contexte de nuit noire « de niveau 5 », sans horizon visible. Une série d’experts se sont succédés à la barre depuis le début du procès, le 8 juin.
« Quand j’entends qu’on a pas vérifié certaines choses, ça me fait bondir », a déclaré le témoin, soulignant qu’il « se passe 12 secondes » entre le décollage et le crash. « Le temps est très court et la correction n’a pas pu être mise en oeuvre, mais [le problème] avait été détecté » par le second pilote, a-t-il affirmé.
Les 8 prévenus – dont le capitaine du vaisseau et le chef du détachement opérant les hélicoptères – comparaissent pour de possibles responsabilités indirectes dans la préparation de la mission.
« Ce jour-là, il est certain que dans toute la chaîne de commandement et d’exécutants, (…) on a tous eu la main, à un moment, pour qu’on prenne une autre option, une autre route, un autre choix, ce qui n’a pas été le cas », a regretté le témoin, parlant d’une « conjoncture funeste ».
Traumatisé, il a été réformé de l’armée en 2012. Depuis douze ans, il a expliqué avoir « réussi à avancer » mais être secoué par le procès.
Après lui, les familles de deux victimes ont livré des témoignages poignants de leur douleur, expliquant être venus « chercher des réponses » au procès sans les avoir trouvées pour l’instant.
« J’ai la sensation que ce risque, on l’a pris et qu’on ne veut plus l’assumer », s’est indignée la soeur d’un membre des forces spéciales mort dans l’accident. « On va repartir et on a la sensation qu’il n’y a pas de responsable, pourtant les faits sont là, il y a 8 morts ».
Fin du procès le 25 juin au plus tard.