Devant les quelque 3.000 délégués de l’Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement) réunis au Palais du peuple à Pékin, M. Wen Jiabao a présenté le traditionnel rapport d’activité de son gouvernement, tirant le bilan de la « période exceptionnelle » des cinq ans écoulés et traçant les perspectives pour la deuxième économie mondiale.
La session annuelle de l’ANP doit cette année avaliser la nouvelle direction choisie au XVIIIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) tenu en novembre.
Xi Jinping, 59 ans, son nouveau secrétaire-général, doit être officiellement désigné président de la république en remplacement de Hu Jintao, et Li Keqiang, 57 ans, doit succéder à Wen Jiabao à la tête du gouvernement.
Ce nouveau tandem doit présider aux destinées de la Chine en principe pour les 10 ans à venir.
Wen Jiabao a fixé un objectif de croissance de 7,5% pour 2013. L’augmentation du budget de la défense sera de 10,7%, dans une économie où l’inflation devrait atteindre 3,5%, selon son rapport qui préconise une « politique monétaire prudente ».
L’an dernier, avec 7,8%, la croissance chinoise était tombée à son plus faible niveau depuis 13 ans.
Cette nouvelle et forte progression des dépenses militaires chinoises est susceptible d’alimenter les inquiétudes sur les ambitions de Pékin, qui comble son retard militaire sur Washington en se dotant d’armements de plus en plus sophistiqués.
Tokyo et Pékin s’opposent sur la souveraineté d’un petit archipel inhabité en mer de Chine orientale. Ce conflit s’est envenimé en septembre 2012 après la nationalisation d’une partie de ces îles par le Japon.
Priorité des priorités de la nouvelle direction, le combat contre la corruption endémique au sein du Parti et de l’Etat n’a fait l’objet que d’une discrète proclamation d’intention dans la bouche de M. Wen: « Nous renforcerons la lutte contre contre la corruption et pour l’intégrité des fonctionnaires », a-t-il dit vers la fin de son discours.
La famille du Premier ministre a fait l’objet de révélations de la part du New York Times l’an dernier, qui a estimé sa fortune à 2,2 milliards de dollars en 2007. Le journal n’a pas pour autant identifié de malversation de la part de M. Wen lui-même.
« Nous continuerons la construction d’un Etat de droit », a-t-il promis, reconnaissant toutefois que les autorités devaient aussi « resserer (leurs) liens avec les masses populaires ».
Wen Jiabao a vanté les succès chinois de ces dernières années, tels ses « grandes percées dans l’astronautique habitée, l’exploration lunaire, la plongée habitée à grande profondeur, le système de navigation satellitaire Beidou, le lancement d’un superordinateur » ou celui d’un porte-avions et des TGV, aux côtés des jeux Olympiques de Pékin en 2008.
Le chef du gouvernement sortant ensuite longuement détaillé les « contradictions » auquel la Chine fait face, notamment celle « entre le développement économique et l’environnement et les ressources naturelles », qui, a-t-il relevé, « s’exacerbe ».
Les niveaux majeurs de pollution atteint dans les grandes villes chinoises sont une des premiers sujets de mécontentement de la population.
« Nous nous attacherons à promouvoir un développement +vert+, circulaire et à bas carbone », a promis Wen Jiabao sans autre détail.
Le responsable n’a pas suggéré d’amendement à la politique de l’enfant unique, en dépit d’une population vieillissante: « Nous maintiendrons la politique de planification familiale », a-t-il dit, évoquant toutefois le souci de la « parfaire progressivement ».
Les travaux de l’ANP doivent se terminer le 17 mars. Le successeur de Wen Jiabao, M. Li Keqiang, doit donner une conférence de presse.