Le ministre, qui doit participer avec ses homologues de l’UE au lancement d’une « Alliance des ports européens » à Anvers (Belgique), juge que cette initiative doit aussi permettre une « lutte plus harmonisée » contre la corruption, et la protection des dockers notamment.
L’épicentre du trafic de cocaïne en Europe se trouve à Anvers et autour du gigantesque port de marchandises, le deuxième plus grand d’Europe après Rotterdam (Pays-Bas).
Selon Gérald Darmanin, dans ces ports belge et néerlandais « il n’y a pas la même sécurité que celle imposée en France ou dans d’autres pays européens, parce qu’il faut gagner la bataille du temps, de la logistique ».
« Plus vous mettez de moyens de sécurité, des passages sous scanners pour la drogue, des vérifications de papiers, plus vous introduisez des retards », souligne-t-il. Or « quand vous commandez des choses, notamment sur internet, la question de la vitesse » est cruciale.
Le port d’Anvers, où un nouveau record de 116 tonnes de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud ont été saisies en 2023, « est grand comme Paris, et il n’y a pas de barrière », note-t-il notamment.
« Donc il faut en premier lieu mettre la même sécurité dans tous les ports. C’est une question de concurrence loyale mais aussi de protection, pour éviter de faire rentrer trop de drogue sur ce territoire européen », explique le ministre dans cet entretien téléphonique.
L’Alliance des ports européens, instaurée par la Commission européenne et le gouvernement belge, est destinée à créer un partenariat entre les autorités portuaires, les douanes, les polices, et les compagnies de transport maritime notamment.
– « Problème des complicités » –
Parmi les seize ports qui doivent être représentés mercredi, figurent ceux d’Anvers, Rotterdam, Hambourg (Allemagne) mais aussi les ports français de Marseille, Dunkerque et Le Havre.
L’alliance doit se pencher notamment sur les techniques spéciales d’enquête, la question de la vidéo-surveillance des conteneurs et leur géolocalisation. « L’accès à ces technologies doit être unanime », estime Gérald Darmanin.
Selon le ministre, les mesures de sécurité « sont plus contraignantes » en France mais « méritent d’être largement renforcées ».
Des cellules regroupant la douane, les services fiscaux, la police et la gendarmerie ont été créées pour les ports du Havre, de Dunkerque et de Marseille, détaille-t-il. Des scanners supplémentaires sont prévus pour contrôler les conteneurs, poursuit Gérald Darmanin, soulignant le travail de la police judiciaire au Havre pour « lutter contre la corruption, le blanchiment, les pressions ».
« Notre premier problème, ce sont les complicités qu’il peut y avoir (avec les trafiquants) dans les ports. Les dockers subissent énormément de pressions, notamment des pressions sur leurs familles », souligne-t-il.
Il a aussi réitéré ses craintes de voir le fentanyl, puissant opiacé de synthèse qui cause des dizaines de milliers d’overdoses chaque année aux Etats-Unis, faire des ravages sur le vieux continent.
Cette drogue est « fabriquée au Mexique avec des composants chinois, et il faut absolument empêcher qu’elle arrive en Europe », a-t-il martelé.