Enfants mordus par un chien: prison avec sursis requise contre les deux maîtres

Le tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré au 26 novembre à l’issue d’une audience au cours de laquelle le président, le représentant du parquet et l’avocate des parties civiles ont dénoncé les négligences, « l’inconscience », « l’irresponsabilité » des deux maîtres du chien.

Pourtant, à entendre ces derniers, le chien avait toujours été « gentil », voire « adorable » auparavant en présence d’enfants.

Les faits s’étaient produits le 5 octobre dans l’après-midi. Un American Staffordshire terrier (« Amstaff »), proche du pitbull, nommé « Floki » puis « Memphis », avait semé la panique dans un quartier pavillonnaire de l’est du Havre.

« Surgi de nulle part », a dit le procureur, le molosse s’est d’abord acharné sur Julia, 9 ans, une fillette qui jouait dans un jardin avec un cousin et une cousine à peine plus âgés qu’elle. Le chien lui plante ses crocs dans les bras et les mollets, à 27 reprises, au point que certaines morsures iront jusqu’à l’os d’un bras.

« Maman il y a un chien qui me mange », s’est écriée l’enfant, selon l’avocate des parties civiles, tandis que sa mère a rapporté qu’elle avait eu l’impression que le chien « savourait un os ».

Le chien s’était ensuite précipité sur trois adolescents d’une même famille qui faisaient du roller, mordant également très sérieusement deux soeurs, Siham, 11 ans, et Shaïma, 4 ans, et blessant légèrement Bilal, leur frère aîné de 17 ans, qui a tenté de s’interposer.

Présent à l’audience, ce dernier a déclaré à la sortie du tribunal qu’il souhaitait que le chien soit euthanasié.

Mohamed Brahimi, 39 ans, le premier propriétaire de ce chien (né chez un éleveur de Seine-Maritime), avait été vite identifié puisque la puce électronique de l’animal portait son nom. Poursuivi pour « mise en danger de la vie d’autrui », le parquet a réclamé trois mois de prison avec sursis et une amende de 200 euros.

Chargé de famille, il avait décidé de renoncer à ce chien qu’on lui avait donné car il avait déménagé de sa maison pour vivre dans un appartement.

Le deuxième détenteur du chien, Charles Micout, 24 ans, demeurant à Gennevilliers mais revenu temporairement chez ses parents au Havre, était poursuivi pour « blessures involontaires » ayant entraîné des ITT (incapacité temporaire totale) de moins de trois mois, et de plusieurs infractions à la cession et à la détention d’un chien dangereux.

Le parquet a réclamé pour lui 6 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, lui reprochant notamment d’avoir pris ce chien alors qu’il ne disposait que d’un studio de 27 m2.

L’avocate des parties civiles -six enfants au total, 4 blessés et deux autres marqués psychologiquement- a réclamé des milliers d’euros à titre de dommages et intérêts et une expertise des traumatismes subis, déclarant à la sortie que la peine pénale ne l’intéressait pas.

Les avocats des deux prévenus ont plaidé la relaxe, sans faire d’objection à des réparations financières.

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