Cette déclaration confirme donc que la Turquie n’envisage pas de bloquer les bâtiments russes ainsi que le lui demande l’Ukraine depuis le début du conflit.
Ankara contrôle l’accès à la mer Noire par le traité de Montreux, signé en 1936, qui garantit la libre-circulation sur ces deux voies, mais lui accorde (article 19) le droit de bloquer les navires de guerre dans le détroit en temps de conflit, sauf s’ils doivent regagner leurs bases.
« Nous avons décidé d’utiliser la Convention de Montreux de manière à empêcher l’escalade de la crise », a justifié le chef de l’Etat à l’issue de la réunion de son cabinet.
« Nous n’abandonnerons ni la Russie ni l’Ukraine et nous ne cèderons pas non plus sur les intérêts nationaux » a-t-il insisté.
« Nous avons décidé d’utiliser la Convention de Montreux de manière à empêcher l’escalade de la crise », a-t-il justifié.
Dès le début de l’agression russe contre son pays, l’ambassadeur d’Ukraine à Ankara, Vasyl Bodnar, a appelé la Turquie à fermer le détroit des Dardanelles et le Bosphore aux navires russes.
Bien qu’alliée de Kiev et membre de l’Otan, la Turquie reste soucieuse de ménager Moscou et n’avait pas immédiatement répondu à cette requête.
Elle a temporisé en expliquant que ses « experts » étudiaient « s’il y a un état de guerre du point de vue légal » qui l’autorise à faire valoir ses prérogatives selon la Convention de Montreux.
La réponse étant positive, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu dimanche soir, la Turquie appliquera pleinement le traité.
Le chef de l’Etat a cependant répété qu’il considère « l’attaque de la Russie sur le territoire ukrainien comme inacceptable » et « salué la lutte du gouvernement et du peuple ukrainiens ».
Dans ce contexte, a-t-il ajouté, « le fait que les pays qui sont à l’origine du problème siègent dans les instances d’arbitrage aux Nations unies rend les choses inextricables », sans toutefois citer la Russie.
La Russie présidait en février le Conseil de sécurité de l’Onu dont elle est des cinq membres permanents avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Chine. Cette dernière s’est abstenu la semaine dernière, refusant de voter la résolution dénonçant l’ offensive de Moscou sur l’Ukraine.