Après avoir présenté pendant des années un chiffre d’affaires en croissance (1,7 milliard d’euros en 2011), Pescanova, un des leaders mondiaux du secteur avec 160 filiales, plus de 100 bateaux et 10.000 employés, a déposé le bilan le 25 avril.
Son administrateur judiciaire, Deloitte, l’accusait déjà en juillet d’avoir mis en place « des pratiques comptables » qui lui permettaient d’afficher une dette « inférieure à la réalité » et donc de gonfler ses résultats.
Dans un audit envoyé vendredi à l’autorité boursière espagnole (CNMV), Deloitte calcule que Pescanova croûlait sous une dette financière de 3,64 milliards d’euros en avril, soit plus du double que celle affichée par le groupe à fin 2012, de 1,5 milliard d’euros.
Déjà en juillet, le cabinet KPMG calculait que la dette réelle de Pescanova se situait à 3,28 milliards en 2012.
C’est non seulement à cause de ce volume « excessif » que Pescanova a vu le service de sa dette augmenter très lourdement, mais aussi parce que « le volume énorme de dette était financé en s’endettant encore plus, dans un mécanisme comparable aux système pyramidaux de financement », écrit Deloitte.
Et alors que Pescanova se targuait en septembre 2012 de compter sur un patrimoine de 756 millions, le groupe devait avoir « un patrimoine net négatif depuis au moins 2011 », estime Deloitte dans son nouvel audit, estimant que ce déficit atteignait 1,67 milliard en avril.
Face à ce sombre panorama, Deloitte conclut que la remise à flot de Pescanova passe par « l’approbation d’un accord avec ses créanciers ». Parmi eux figurent en tête des banques les enseignes espagnoles Sabadell (226 millions), Popular (181 millions) et CaixaBank (177 millions) suivies d’une filiale en Espagne de la banque française BNP Paribas (avec 168,10 millions d’euros en obligations souscrites en 2011 et 162,6 souscrites en 2012).
Pour les convaincre, l’administrateur estime qu’il faudra restructurer la compagnie, en vendant ou réorganisant « certaines unités de productions non essentielles ».
L’ancien président, Manuel Fernandez de Sousa, est poursuivi, comme plusieurs autres responsables du groupe, pour falsification de comptes et délit d’initié. Niant toute malversation et admettant seulement des « décisions erronées », il a démissionné le 17 juillet.
elc/jpr
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